dimanche 9 janvier 2011

The Sugargliders - Le groupe (avec un grand G)



Je n'irai pas par quatre chemins. Selon moi, The Sugargliders est LE meilleur groupe de tous les temps de l'univers. Qui mieux que les frères Josh et Joel Meadows et leurs camarades ont su allier la subtilité des mélodies pop à une inventivité toujours renouvelée ? Qui a écrit une aussi belle chanson qu'"Ahprahran" ou "Another faux pas in the cathedral of love", savants résumés de ce que devrait être toute bonne pop song ? Personne, à mon goût. Et je le partage. Avec The Sugargliders, déception et médiocrité étaient des mots qui n'existaient pas. En quatre années d'existence seulement, la formation australienne n'a pas fait de compromis à la donne de départ : sortir dix 45 tours, comprenant systématiquement trois morceaux, et s'arrêter. Et même si cette décision brutale faut alors insupportable pour les fans, la règle fut suivie à la lettre. Malgré la frustration qui en découla à l'époque, impossible rétrospectivement de ne pas admirer le caractère impeccable de la démarche. Une démarche qui partait d'un constat : trop d'albums sont décevants sur la longueur. Josh et Joel ont donc délibérément décidé d'en rester au format 45 tours incluant trois bonnes chansons sinon rien. Puis saborder le navire avant qu'il ne prenne l'eau. Difficile de se planter. Et ce n'est pas Matt Haynes, co-fondateur de Sarah, label qui eut la chance de sortir six 45 tours du groupe, qui viendrait me contredire. "Je pense qu'ils sont un groupe absolument prodigieux. Je crois que tout ce qu'ils ont fait est à chaque fois - je dis bien à chaque fois -, la meilleure chose faite par quiconque. Et je ne comprends pas du tout pourquoi la presse musicale continue à les ignorer. La presse, ceux qui écrivent des fanzines, les "indie kids" ne les mésestiment pas mais, malheureusement, ils ne semblent pas retenir l'attention de tous comme ils le devraient. C'est très décevant car nous pensons qu'ils sont merveilleux. Ils devraient être énormes", avait-il affirmé à leur sujet lors d'une interview réalisée à quelques semaines de la non moins tragique disparition du label Sarah, au terme d'un cycle clôturé par le Sarah 100.
Formé à Melbourne le 3 février 1989 par deux jeunes adolescents, le groupe a fait ses premières armes sur scène. Comme dans toutes les bonnes histoires indie-pop, une démo est enregistrée. Le label australein Summershine Records tombe immédiatement sous le charme. La quatrième référence de l'écurie qui sortira notamment des disques de Velvet Crush, East Village, Honeybunch, The Springfields, The Earthmen, Tender Engines, Blindside, et bien d'autres bijoux de la pop 90's, sera "Sway", un premier single où les deux frères donnent déjà toute la mesure de leur talent. Ré-écoutez la mélodie envoûtante du titre éponyme avec sa terrible montée sur le refrain. Orgasmique. Et le mot est faible. La suite ? Des EP's trois titres d'où, pour ne pas être exhaustif, on retiendra des tubes pop comme "Give me some confidence", "Police me", "Letter from a lifeboat" et son rythme hypnotique, "Unkind" le plus beau morceau le plus court de l'histoire de la pop, "Seventeen", l'agacé "Will we ever learn", les deux plus grandes chansons de tous les temps citées en préambule de ces lignes. J'ai beau me creuser, et je suis sincère, je ne vois rien qui cloche. Mélancoliques sans être mièvres, doux en évitant l'écueil du soporifique, précis en restant libres, parfois plus énervés sans être tapageurs, les Sugargliders savaient mieux que quiconque vous tirer les larmes ou vous donner l'envie de reprendre à l'unisson leurs chansons. Ils privilégiaient les mélodies simples et évidentes mais sans jamais, ô grand jamais, que l'on ait l'impression de les avoir entendues ailleurs, auparavant ou après. Quelques accords, réhaussés d'une petite guitare (les rois du solo sur une corde, vous dis-je !), des lignes de basse et de batterie langoureuses, des paroles tantôt romantiques, tantôt politisées (leur credo : "la résistance au rock institutionnalisé et au capitalisme qui étouffent la créativité"), et des voix, ces voix, uniques, qui vous donnent envie de raccrocher la guitare et la musique pour vous remettre au baby-foot.
Trente-et-une chansons distillées ça et là, par un album (la compilation réunissant douze de leurs titres parus sur Sarah n'en est pas un), les Sugargliders n'auront jamais trahi leur public. Pas une seule fausse note. Pas un morceau décevant. Pas un LP dénaturé par des chansons "remplissages". Ils auront été, à l'image de Sarah, honnêtes tout au long de leur courte carrière. Pas une ride, non plus, quant on les écoute plus de quinze ans après. Le groupe se séparera ainsi lors d'un concert adieu devenu mythique, dans leur ville de Melbourne (je peux en témoigner l'ayant vu, distance oblige, en vidéo). Imaginez. Les frères Meadows avec leurs guitares, seuls, sur scène, enchaînant une à une les perles des Sugargliders. Et rejoints, au fur et à mesure du set, par les différentes amis qui ont participé à l'aventure pour un final explosif. J'en ai encore des frissons et des trémolos dans la voix...
Après le split des Sugargliders, les frères Meadows ne seront toutefois pas complètement perdus pour la musique et la cause indie-pop. Depuis, ils ont formé un groupe tout aussi fabuleux : The Steinbecks. Mais ceci est une autre histoire...

The Sugargliders - Discographie
- "Sway", 45 tours, Summershine Records, 1990.
- "Furlough EP", 45 tours, Summershine Records, 1991.
- Butterfly soup", 45 tours, Summershine Records, 1991.
- "Letter from a lifeboat", 45 tours, Sarah Records, 1992.
- "Another faux pas in the cathedral of love", 45 tours, Marineville Records, 1992/
- "Seventeen", 45 tours, Sarah Records, 1992.
- "Ahprahran", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Trumpet play", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Will we ever learn", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Top 40 sculpture", 45 tours, Sarah Records, 1993.
- "We're all trying to get there", compilation, LP/CD, Sarah Records, 1994.
Sur des compilations
- "International pop EP", 45 tours, Mind the Gap/Season Records, 1992.
- "Just a taste - A Summershine Records compilation", CD, Slumberland Records, 1996.
- "Seven summers", CD, Kindercore Records, 1998.
A voir
- "Will we ever learn", compilation vidéo "Munch Part 1", Season Records, 1993.

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