lundi 10 janvier 2011

East Village - A contre-courant



East Village fut sans doute l'un groupes les plus sous estimés de la fin des années 80 et du début des années 90. Sous estimé parce qu'il n'aura jamais eu l'attention qu'il méritait, sous estimé parce qu'il n'a peut être pas été là au bon endroit et au bon moment. Mais remontons d'abord le fil du temps jusqu'en 1983. Dans un garage de Londres, quelques copains fondent Episode 4. Quelques concerts, quelques reprises (de groupes comme ? And The Mysterians, The Eyes, The Action), pendant plusieurs mois la formation tâtonne, se cherche... Le line up se stabilise en 1985 avec Paul Kelly à la guitare et au chant, John Wood à la guitare et au chant itou, Martin Kelly à la basse et au chant et Spencer Smith à la batterie. Il enregistre en une journée, pour 78 livres sterling, un disque, "Strike up matches", qui sort l'année suivante sur Lenin and Mac Carthy Records, le label de Maurice Percival. Malheureusement, l'opus est aujourd'hui quasiment introuvable, les 500 copies pressées à l'origine ayant été presque toutes détruites dans l'inondation du QG de Percival... Ce sera l'unique et dernier disque d'Episode 4.
Après quelques concerts avec les Bodines et Mac Carthy, au cours desquels les frères Kelly et leurs comparses sont repérés par Jeff Barrett, le groupe change de nom et rejoint le label de ce dernier, Sub Aqua. East Village est né. Malheureusement encore, pas au bon moment. La fièvre C-86 est retombée et, en cette fin des années 80, la masse du public a déserté les belles harmonies à la Byrds pour les rivages extatiques des ambiances acid-house, l'élégance des boots et des sta-prest pour le vide démesuré des baggy trousers, l'intelligence poétique pour les profondeurs abyssales de la pensée sous pilules. A contre-courant, East Village préférait voguer sur les flots des guitares cristallines de leurs pères (Bob Dylan, The Beatles) et de leurs pairs (The Bodines, The Desert Wolves, The House of Love, Mac Carthy...). C'est d'ailleurs avec ces deux derniers qu'ils ont effectué quelques tournées et concerts à la fin des 80's. A l'époque, ils sortent aussi leurs premiers singles sur Sub Aqua, "Cuban in the Bluefields" et "Back between places", tous deux parus en 1988. L'année suivante, c'est sur Caff Corporation que sort un split-flexi (avec Cathal Coughlan, ex-Microdisney, ex-Fatima Mansions). Il faut ensuite attendre deux ans, en 1991, pour voir et écouter ce qui restera comme leur plus beau simple, le EP "Circles", avec le génial "Here it comes". Le disque sort sur Heavenly Recordings, le label de Bob Stanley, et démontre toute la capacité et l'habileté du groupe à composer des chansons intemporelles. Guitares Rickenbacker en avant et hypnotiques, voix douces et mélancoliques, le genre de chansons que vous vous surprenez à fredonner, des années après, tant elles procurent instantanément le même plaisir qu'à la première écoute. La même année, sort aussi le génial "Vibrato" sur le fantastique label australien Summershine Records (The Sugargliders, The Earthmen, The Carousel, Velocity Girl, Velvet Crush, Ripe, The Tender Engines, The Springfields, The Rainyard, Honeybunch, Blindside, Saturn V, Autohaze, Beatnik Filmstars...). Le groupe joue enfin un dernier concert, à guichets fermés, au New Cross Venue, à Londres, et en profite pour annoncer son split sur scène. Un dernier geste de classe qui ponctue une carrière courte mais impeccable dont en témoignent deux albums : le premier, "Drop out", paru à titre posthume sur Heavenly Recordings en 1993, le second, "Hot Rod Hotel", collectant leurs premiers singles, sur Summershine Records en 1994.
Paul Kelly a ensuite formé Birdie, avec Deborah Wykes, membre du groupe Dolly Mixture, que l'on avait aussi entendu pousser la chansonnette avec Saint Etienne (sur "Who do you think you are") et sur le magnifique morceau qui clôture "Drop out" : "Everybody knows".

A écouter
EPISODE FOUR
- "Strike up matches", maxi 45 tours, 1987, Lenin and Mac Carthy Records, LENM 001T.
EAST VILLAGE
- "Cuban in the Bluefields", 45 tours et maxi 45 tours, 1988, Sub Aqua Records, AQUA 2.
- "Back between places", maxi 45 tours, 1988, Sub Aqua Records, AQUA 4.
- Caff flexi (morceau "Freeze out", version différente de celle de l'album), flexi, 1989, Caff Corporation, CAFF0001.
- "Circles", maxi 45 tours, 1991, Heavenly Recordings, HVN 006.
- "Vibrato", 45 tours, 1991, Summershine Records, SHINE 014.
- "Drop out", LP et CD, 1993, Heavenly Recordings, HVN LP 03, ré-édition sur Summershine Records, SHINELP009, et Excellent Records, EXPL001, 2002.
- "Silver train", 45 tours, CDEP, 1993, Summershine Records, SHINE037.
- "Hot Rod Hotel", CD, 1994, Summershine Records, SHINELP006.
- "Black autumn", 45 tours, 2003, Excellent Records, EXSE001.
BIRDIE
- "Spiral staircase", 45 tours, 1997, SHINE US 18.

Sur des compilations
- "Violin" sur Tomorrow's Hits Today, CD, 1994, Summershine US, SHINE US 3.
- "Strike up matches" d'Episode 4 sur The Sound Of Lemington Spa Vol. 1, CD, 2000, Tweenet Communications, TWEE 5.
- "Shine on me" et "Quiet storm" (chanson en solo de John Wood) sur Pop Renaissance, coffret 3 CD's, 2004, Excellent Records, EXCD014.
- "Vibrato" sur CD-86, CD, 23 octobre 2006, Castle Music, CMEDD1420.

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