vendredi 30 décembre 2011

Cassolette - A écouter sans modération


Non, Cassolette, malgré la consonnance bien francophone de son nom, ne vient pas d'une bourgade du sud-ouest de la France. Le groupe est basé dans le sud-est, mais des Etats-Unis, en Floride, dans la petite ville de Sarasota pour être exact. Une délicieuse Cassolette qui commence à faire parler dans le landernau et suscite déjà l'appétit de labels ça et là. L'envie de connaître la savoureuse recette du groupe pour distiller d'aussi jolies chansons pop m'a donc submergé. Et Ciera, la chanteuse du groupe, livre ici quelques ingrédients.

- Peux-tu me raconter l'histoire de Cassolette ? Où et quand tout cela a-t-il commencé ? Qui forme le groupe ?

Il y a quelques étés, je suis revenu de l'université et notre batteur, Pete, m'a alors demandé si je voudrais jouer dans un groupe avec lui et son ami Jesse. On a commencé à répéter dans la chambre de Pete. On a alors écrit quelques chansons pas terribles. Jesse et moi nous sommes rapprochés assez rapidement... Et nous avons commencé à passer de plus en plus de temps ensemble à travailler sur l'écriture des chansons. Nous avons ensuite été encore plus proches l'un de l'autre et, quelques mois après, nous sommes tombés amoureux. De ce fait, beaucoup de nos chansons sont vraiment romantiques et un grand nombre d'entre elles sont écrites l'un pour l'autre, avec quelques fioritures ça et là. Au fil du temps, nous sommes passés par différents changements de line up, mais au final, Cassolette c'est maintenant Pete à la batterie, Jesse à la guitare, Aimee aux claviers, Drew à la basse, Darren à la deuxième guitare et moi au chant.

- Vous venez de Floride mais vous avez choisi de prendre un nom français. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Eh bien... le nom est en quelque sorte un genre de blague. Nous étions en train de chercher un nom pour le groupe, ce qui est vraiment difficile de nos jours car il y a tellement de groupes. J'avais ce livre des années 70 appelé "The joy of sex", sur ma table basse... J'ai commencé à le feuilleter. Et sur la première page que j'ai tournée, il y avait ce titre : "Cassolette". En français, je crois que c'est une petite casserole, ou... une boîte de parfum, je crois... En termes sexuels, dans les années 70, c'était "le parfum naturel d'une femme propre : ses plus grands atouts sexuels après sa beauté." Nous avons aimé la façon dont ça sonnait et Pete a aimé ça parce que c'était un peu coquin.

- A propos de la Floride et plus précisément de Sarasota, qu'est ce qu'il y a de bien à faire là-bas ? Y a-t-il des concerts ? Y a-t-il une vraie scène indie pop ? Etes-vous en contact avec des groupes ou des labels à Sarasota ?

Sarasota est une cité balnéaire de retraités avec une petite scène musicale néanmoins assez active. C'est un mélange très éclectique en fait, pas trop d'indie pop, et, à mon goût, de trop nombreux groupes qui ne font que des reprises. Mais nous avons quelques amis vraiment biens et nous aimons jouer avec eux. Ces concerts sont toujours très amusants. Nous avons travaillé avec certains de nos amis à essayer de faire venir des groupes ici. Cependant, la Floride est un grand état, donc beaucoup de groupes ne viennent pas dans notre petite ville. Nous connaissons d'autres groupes de Floride et nous espérons pouvoir mettre sur pied une petite tournée avec Rex or Regina de Gainesville.

- Qui compose les chansons dans le groupe et comment cela se passe-t-il au sein du groupe ?

Nous travaillons tous ensemble. Jesse part sur une idée ou je viens avec une mélodie et on essaie de la retranscrire sur sa guitare. Nous avons aussi des chansons de Drew, Aimee, et Darren, mais la plupart du temps nous les écrivons tous ensemble. Jesse et moi travaillons ensemble sur les paroles. Et puis on arrive avec toutes nos idées en répétition. Là, chacun ajoute sa touche personnelle pour qu'on en arrive au résultat final.

- Vos chansons sont tantôt assez rythmées, tantôt calmes, mais toujours très mélodiques. Etes-vous constamment à la recherche de la bonne mélodie ?

Notre objectif principal est juste d'écrire des chansons amusantes, accrocheuses, honnêtes, avec des paroles sincères. J'ai toujours apprécié la sincérité dans les chansons pop, ainsi que le côté jangly avec des méandres de riffs de guitare. Donc, je pense que c'est juste une tentative de mêler ces différents aspects.

- Quelle chanson du passé aurais-tu aimé écrire et pourquoi ?

"Care" des Loveninjas. C'est la chanson la plus jangly, la plus adorable, la plus directe que j'ai jamais entendue. Elle me met toujours le sourire aux lèvres. Elle est tout simplement parfaite. Sinon, je pense aussi à "If you need someone" des Field Mice. Cela correspond bien à mon côté romantique désespéré. Je suis tout bêtement fan de ce genre de sucreries, de chansons pop entraînantes.

- Quels sont les groupes, du moment et du passé, qui te font fondre ?

En ce moment j'ai un gros faible pour Evans the Death. Ils sont fantastiques ! J'ai aussi beaucoup écouté Comet Gain, The Pains of Being Pure at Heart, Teenage Fanclub, Another Sunny Day, beaucoup de choses gaies, de la noisy pop. J'ai aussi écouté ces derniers temps l'album de Noël de Phil Spector afin de me mettre en condition pour les vacances.

- Vous avez sorti un disque sur Cloudberry Records. Etes-vous satisfaits de ce disque ? Peut-on espérer d'autres sorties prochainement ?

Oui ! Nous étions sur la compilation "Do you think it will snow tonight ?" l'hiver dernier. Et nous préparons un 45 tours où il y aura notamment notre chanson" Stay heavy" qui doit sortir dans les prochains mois. Nous aimons beaucoup Cloudberry et Roque. C'est donc vraiment toujours un plaisir de sortir quelque chose avec lui.

- Si il y avait un label avec qui vous aimeriez signer, ce serait qui ?

C'est une question difficile ! Nous sommes de grands, grands fans de Slumberland Records. J'aime à peu près tout ce qu'ils ont sorti, et je serais ravie d'être de leur catalogue. Mais sinon, nous sommes vraiment heureux de sortir des disques un peu partout dans le monde. Nous travaillons aussi actuellement sur un EP pour Anorak en France (vous !). Et aussi pour un autre EP pour Little Treasure en Espagne. C'est vraiment bien de pouvoir rencontrer tant de gens supers et de faire connaître notre musique à travers le monde.

- Jouez-vous souvent sur scène ? Est-ce que pour vous les concerts sont importants ? Y a-t-il un concert qui te reste plus particulièrement en mémoire ?

Nous jouons dans les environs une fois par mois au moins et quelques fois plus. Nous prenons beaucoup de plaisir à faire des concerts et à danser avec nos amis. Nous préférons les concerts à la maison ou lors de fêtes dans des bars. Cela permet d'éviter les gens bizarres ou cupides. Cela étant dit, je crois que notre concert le plus mémorable a été lorsque nous avons joué à Gainesville avec un groupe qui s'appelle les Shitty Beatles. Ils sont un groupe de reprises des Beatles qui, malgré ce que pourrait laisser penser leur nom, n'est en fait pas merdique du tout. Et localement ils ont un gros public. Personne n'avait jamais entendu parler de nous mais au moment d'aller sur scène la salle était déjà presque pleine. Il y avait même la queue dehors. Ils étaient là pour les Shitty Beatles mais cela s'est bien passé parce que le public a vraiment semblé beaucoup nous apprécier ! On a eu beaucoup de boissons gratuites, on a passé un excellent moment et on a passé le reste de la nuit à chanter des chansons des Beatles.

- Quel est le meilleur compliment que tu aies lu ou entendu au sujet de Cassolette ? Et la pire critique ?

L'autre jour, j'ai vu que quelqu'un du Royaume-Uni parlait de nous sur le forum Anorak Pop. Il disait que "Not just anyone" était sa chanson préférée de l'année, et il nous comparait aux Deirdres ! J'ai été assez flattée et surprise de voir que notre musique était aussi connue. Je n'ai pas encore lu quoi que ce soit de trop méchant sur nous pour le moment, sauf peut-être que nous jouons trop fort ou que nous sommes parfois débraillés sur scène.

- Penses-tu qu'internet a changé la manière dont les gens écoutent la musique et entrent en relation avec les autres ? Recevez-vous beaucoup de messages venant du monde entier ?

Oh oui, certainement ! Je n'en suis pas revenue quand j'ai commencé à recevoir des messages de gens de France, d'Espagne, du Brésil, du Japon ! Il n'y a pas vraiment de scène indie pop par ici donc internet a été la seule façon pour nous de faire connaître notre musique et de se connecter avec les gens qui aiment les mêmes choses que nous et ce que nous faisons.

- Hormis la musique, quelles sont les choses que tu préfères ? Et que tu détestes ?

J'aime la pêche, la cuisine, les jeux vidéo et aller à la plage. Je déteste les araignées.


mercredi 6 juillet 2011

The Kensingtons - Perfect pop songs


Voilà vingt ans qu'avec Stewart nous sommes en contact. A l'époque, il venait de monter les Kensingtons. Un flyer évoquant le groupe s'était glissé dans l'un de ces nombreux courriers que l'on s'échangeait avec des fans d'indie pop du monde entier. Et puis des chroniques élogieuses dans des fanzines ça et là m'avaient poussé à vouloir en savoir un peu plus sur ce groupe. Un courrier envoyé à Stewart. Quelques jours plus tard, une démo, en cassette. Conquis, j'avais alors demandé au groupe de figurer sur "Teeny Poppers", la première sortie en forme de compilation parue sur Anorak Records. Stewart m'avait alors autorisé à y faire figurer le morceau "Please don't lie to me". Un choix qui fut pour moi difficile tant la démo du groupe regorgeait de "perfect pop songs". Vingt ans plus tard, c'est avec plaisir que j'ai appris le retour des Kensigtons et que j'ai ainsi eu envie de poser quelques questions à Stewart Tudor-Jackman. Un plaisir décuplé par de nouvelles compositions qui n'ont rien à envier à leurs aînées. Stewart a toujours ce don de trouver des mélodies qui paraissent simples mais font mouche à chaque fois. Et ça, je ne m'en lasse pas.

- Qu'est ce qui t'a conduit à faire de la musique ? As-tu pris des cours ou as-tu commencé à jouer par toi-même ?

Mon père jouait de la musique. Il y a donc toujours eu des guitares ou des claviers à la maison quand j'étais gamin. J'ai commencé à jouer de la guitare quand j'avais 13 ou 14 ans. Je jouais avec des amis de temps en temps. Je n'ai jamais pris la peine de prendre des leçons. Mais les premières années, j'étais tellement obsédé par la guitare qu'il m'arrivait souvent d'en jouer jusqu'à huit heures par jour. C'était vraiment ridicule quand j'y repense.

- Parlons de ton groupe maintenant. Où et quand sont nés The Kensingtons ? Raconte-moi l'histoire du groupe.

J'ai commencé à enregistrer des choses sous le nom The Kensingtons quand je vivais en Angleterre, à Leicester, à la fin des années 80. A l'époque, j'étais dans un groupe qui s'appelait Cellophane. On a sorti un single sur Pillar Box Red Records. Mais les chansons que j'écrivais pour le groupe ne plaisaient pas trop aux autres membres alors j'ai décidé de les garder pour moi. Quand je suis revenu chez moi dans le Somerset, en 1991, j'ai contacté Andy et Disc pour qu'ils jouent ces chansons avec moi sur scène. Nous avons joué ensemble de 1991 à 1994, année durant laquelle je suis reparti du Somerset. Nous avons fait la plupart de nos concerts dans notre ville, à Taunton. Mais il nous est aussi arrivé d'aller explorer d'autres contrées de temps en temps. Comme la plupart des groupes indie pop de l'époque nous avons figuré dans quelques fanzines et sur au moins un million de cassettes compilations, incluant la tienne ! Nous avons aussi sorti deux 45 tours : l'un sur Meller Welle Produkte et l'autre sur Pillar Box Red Records.

- Le groupe a donc existé dans les années 90 et fait maintenant son retour. Qu'est ce qui t'a motivé à reformer The Kensingtons ? Et est-ce qu'il s'agit de "nouveaux" Kensingtons ou est-ce toujours le même groupe ?

En fait, j'ai toujours continué à écrire et à enregistrer des chansons pour mon propre plaisir. Mais la raison pour laquelle j'ai ressorti des disques est entièrement due à deux personnes : Roque de Cloudberry Records et Jennifer de Colour Me Pop. Roque est tombé sur "Intercity baby", une chanson d'un de mes vieux singles, et a écrit quelque chose à son sujet dans son blog. Article que Jennifer a lu. Ils sont alors tous les deux rentrés en contact avec moi et comme tu le sais, Roque a sorti un EP avec cinq chansons anciennes pour ses Cloudberry Classics. Quant à Jennifer, elle a organisé un concert de reformation à Londres. Maintenant, je vis en Australie. Alors répéter pour le concert a été difficile. Je n'avais par revu Andy et Disc depuis 1995 et donc pas joué avec eux depuis ce temps-là. On a quand même réussi à répéter pendant deux jours et puis on a fait ce concert. On a été mauvais comme on peut l'être avec seulement deux jours de répétitions en quinze ans ! Mais on a vraiment aimé ce moment. Je suis donc très reconnaissant envers Roque et Jennifer pour avoir permis que tout cela soit possible.

- Qu'attends-tu maintenant de ce nouveau départ pour les Kensingtons ? Aura-t-on la chance de pouvoir écouter de nouveaux disques ? Et voir peut-être d'autres concerts ?

Oui, de nouveaux disques sortiront tant que des labels voudront bien de mes chansons. Il y a eu le EP "Death of Middle England" l'an dernier sur Cloudberry Records. Et deux autres singles sont prévus cette année avec deux autres labels : Dufflecoat Records et Anorak Records. Quoi qu'il en soit, c'est chouette que des gens aient encore envie d'écouter mes chansons. Pour ce qui est des concerts, le fait que je vive en Australie est un réel problème. D'autant que les deux autres membres du groupe sont Angleterre. Néanmoins, j'ai prévu de revenir en Europe en 2012 et j'aimerais vraiment pouvoir alors refaire des concerts.

- Tu vas bientôt sortir un EP sur le label français Anorak Records. Que peux-tu m'en dire ?

C'est vraiment bien d'être à nouveau sur Anorak après avoir figuré sur une cassette sortie en 1992 ! C'est génial de ressortir quelque chose avec vous ! Ce EP contiendra six chansons, quatre qui sont toutes nouvelles et deux que j'avais écrites dans les années 90. Elles ont toutes été enregistrées chez moi à Brisbane en 2010 et 2011. Et je pense que c'est un joli mélange de choses à la fois jangly et fuzzy !

- Comment composes-tu ? De quoi parle tes chansons ?


Pour être honnête, la plupart n'ont pas vraiment de sens. J'écris les paroles la plupart du temps en dernier et au moment d'enregistrer. Le processus habituel est le suivant : j'ai une mélodie qui me trotte dans la tête. Je tente alors de la reproduire à la guitare. De là, j'ai intérêt à me dépêcher de l'enregistrer avant de l'oublier !

- Quels sont tes groupes favoris ? D'hier et d'aujourd'hui.

Mes deux groupes préférés de tous les temps sont les Wedding Present et les Jesus and Mary Chain mais j'aime toujours ré-écouter des groupes comme Carter USM, Pop WIll Eat Itself, les Primitives, les Flatmates, Chapterhouse et les Blue Aeroplanes. Aujourd'hui, j'adore The Hobbes Fanclub, Peru, Skittle Alley, A Place to Bury Strangers, The Pains of Being Pure at Heart et d'autres encore. On peut aussi me surprendre en train de me plonger dans mes vieux disques de métal.

- Maintenant, tu vis en Australie. Pour les Français, c'est un pays très "exotique". Peux-tu m'en parler ? Comment est-ce ?


J'ai quitté l'Angleterre pour l'Australie il y a environ dix ans et je vis désormais à Brisbane, dans le Queensland. Le Queensland est célèbre pour la grande barrière de corail. Beaucoup de gens viennent ici pour ça. C'est vraiment un bel endroit pour vivre. C'est assez paisible et, le plus important pour moi, il y fait chaud. La plupart du temps, tu peux porter des shorts toute l'année, y compris l'hiver et ça, je suis totalement pour ! Ceci dit, l'Angleterre me manque souvent mais l'Australie est vraiment un endroit très agréable pour vivre.

- A part la musique, quelles sont les choses que tu préfères ? Et que
détestes-tu ?


Ma passion numéro un, c'est les soirées quizz dans les pubs. C'est la seule chose sur terre pour laquelle je suis très compétitif. J'adore ces soirées et ça m'ennuie vraiment beaucoup si je ne peux pas en faire au moins une par semaine. Sinon, il n'y a pas vraiment grand chose que je déteste. Mais il y a des choses que je ne comprends vraiment pas : l'intérêt pour le jazz, le R&B, la télé-réalité ou les plaques d'immatriculation personnalisées. En fait, je déteste véritablement les plaques d'immatriculation personnalisées.

- Le dernier mot...

J'espère sincèrement pouvoir venir en France en 2012. Tu sais, vous êtes assez exotiques aussi !

lundi 6 juin 2011

Annemarie - Welcome to Ind(iep)o(p)nesia


C'est grâce au label suédois Music Is My Girlfriend, non avare en jolies trouvailles, que j'ai découvert il y a quelques années le groupe Annemarie. La formation est l'un des fers de lance de cette scène indie pop indonésienne qui ne cesse de nous étonner par sa fraîcheur, sa vitalité, sa diversité et la qualité de ces groupes. Avec Leach Me Lemonade, Funny Little Dream et Sunny Summer Day, Annemarie en est sans doute l'un des plus beaux fleurons. Rima, sa chanteuse, nous en dit un peu plus.

- Peux-tu me conter l'histoire d'Annemarie et me présenter le groupe ? Est-ce ton premier groupe ?


C'est à Bandung que nous avons formé Annemarie à la fin de l'année 2004. Nous nous sommes rencontrés dans cette jolie petite ville. Nous étions tous tellement fans d'indie pop que nous avons évoqué l'idée de faire un groupe. Nous avons commencé par enregistrer une démo et puis on nous a assez vite proposé de faire un concert. Nous étions fous de joie ! Après ce premier concert, nous avons donc décidé de continuer à jouer ensemble avec dans l'idée de pouvoir sortir un jour quelque chose. Voilà comment tout a commencé. Depuis, il y a eu pas mal d'allers et venues dans le groupe mais maintenant, le groupe se compose d'Iqbal au chant et à la guitare, d'Asso à la basse, de Bayu à la batterie, d'Icha aux claviers et de moi au chant. C'est effectivement mon premier groupe et je suis très heureuse d'en faire partie.

- Pour avoir choisi comme nom le prénom Annemarie ?


C'est en hommage à Annemarie Davies. Elle était la chanteuse de plusieurs groupes d'indie pop qui nous ont inspirés : les Field Mice, Yesterday Sky et Northern Picture Library. Nous avons choisi ce nom parce qu'il sonne bien, qu'il est twee et qu'il est aussi facile à retenir. Il reflète vraiment ce qu'est notre musique.

- Qui écrit les chansons dans le groupe ?


C'est Iqbal qui a composé presque toutes les chansons qui figurent sur notre album "ABC on TV". Mais j'ai écrit toutes les paroles des morceaux qui seront sur notre prochain disque. Elles sont le fruit d'émotions qui, je le crois, sont très utiles pour écrire des chansons. J'écris des paroles qui essaient de décrire comment je me sens réellement. La plupart de mes paroles sont ainsi très personnelles.

- Quelle est pour toi la chanson pop parfaite ?

"The centre of my little world" d'Another Sunny Day.

- Et quels sont les groupes que tu préfères ?

Free Design, The Sundowners, The Carpenters, The Smiths, Lush, Ivy, Ride, The Field Mice, Trembling Blue Stars, Another Sunny Day, Acid House Kings, Shoestrings, The Shermans, Sambassadeur, The Cherry Orchard, Brideshead, Blueboy, Flipper's Guitar, Irene, Nixon, Melody Club, Belle and Sebastian, Cocteau Twins, Pale Saints, The Softies, Suede, Saint Etienne, Strawberry Switchblade, Chapterhouse, The Pains of Being Pure at Heart, The Hit Parade, The Lucksmiths, Allo Darlin', Eggstone, Elastica, My Bloody Valentine, The School et beaucoup d'autres !


- Vous avez sorti des disques sur différents labels. Es-tu satisfaite de ces sorties ?

Bien sûr, je suis très satisfaite de tous nos disques. Je suis heureuse que nos chansons puissent être écoutées par tout un tas de gens dans le monde entier. Et oui, nous avons d'autres disques qui doivent sortir bientôt !

- S'il y avait un label avec qui vous auriez aimé signer, ce serait...

Sans hésiter, je te dirai que j'aurais aimé signer sur Sarah Records. L'amour pour Sarah Records dépasse les générations. Et beaucoup de mes disques préférés ont été sortis par ce label.

- Il semble que l'Indonésie est un excellent lieu pour faire de l'indie pop en ce moment. Peux-tu m'en dire un peu plus sur cette fameuse scène indie pop indonésienne ? Quels sont les meilleurs groupes et les meilleurs labels ?


Oui, la scène indie pop est très vivante et florissante en Indonésie grâce à la jeunesse indonésienne. Il y a plein de bons groupes ici ! Je citerai Mocca, Astrolab, Sunny Summer Day, Leach Me Lemonade, Funny Little Dream, White Shoes and the Couples Company, Santa Monica, The Milo, Bangku Taman, Sharesprings... Il y en a tellement ! Et les meilleurs labels sont sans doute Maritime Records, FFWD, Lovely Records et Paviliun Records.


- Comment est Djakarta ?

Djakarta est la capitale et la plus grande ville d'Indonésie. C'est l'endroit dans lequel la plupart des Indonésiens essaient de réaliser leurs rêves. Djakarta est aussi le meilleur endroit pour sortir entre amis ou avec la famille. C'est la ville où tout se passe !

- Quels sont tes passe-temps en dehors du groupe ?

J'adore lire un bon livre ! J'adore passer mon temps dans les librairies ou dans les cafés littéraires. C'est là que je me sens le mieux !

- Quel a été le jour le plus heureux de ta vie ?

C'est une question trop difficile ! Toutes les périodes de ma vie ont eu des moments heureux. Mais je vais dire que l'un des meilleurs moments de ma vie a été l'an dernier quand toute ma famille s'est réunie à la maison. Ca a été un moment de bonheur parce que c'est assez rare que nous soyons tous ensemble.

- Quels sont les projets pour Annemarie ?


Nous allons sortir très prochainement un split EP où figurera la chanson "The boy with the loneliest eyes". Au chapitre des nouvelles, je peux aussi te dire que nous travaillons toujours sur de nouvelles chansons qui, je l'espère vivement, se transformeront en un nouvel album d'Annemarie.

- Le mot de la fin...

Keep suicide on your stereo set !

vendredi 20 mai 2011

The Lucksmiths - Never and always


J'ai passé ces derniers jours à ré-écouter les Lucksmiths. Et je me suis rendu compte que bientôt depuis deux ans que le groupe s'est séparé, il s'est créé en moi comme un énorme manque. Un manque déclenché dernièrement par la sortie de leur somptueux DVD, "Unfamiliar stars", publié chez Matinée Recordings et The Lost and Lonesome Recording Co. Ce DVD contient leur concert d'adieu, en date du 29 août 2009, au Corner Hotel à Melbourne, et un petit documentaire de 25 minutes sur les dernières semaines d'existence du groupe. Durant près de trois heures, l'ouvrage procure un je-ne-sais-quoi d'émouvant. L'ayant regardé à plusieurs reprises, il m'a donné la chair de poule à chaque fois. Le concert, tout d'abord, respire la communion (pas au sens religieux du terme) qu'un groupe peut avoir avec ses fans. La salle vibre à l'unisson et j'imagine que beaucoup auraient voulu que l'instant dure plus longtemps. Le documentaire, ensuite, permet de côtoyer quatre garçons qui, pour nous habitants du vieux continent, ont toujours vécu trop loin. Je n'ai jamais eu la chance de voir les Lucksmiths en concert. Et maintenant que le groupe n'existe plus je le regrette. Mais je sais dorénavant que comme toute une foule d'autres groupes, je les aimerai toujours.

jeudi 24 mars 2011

The Electric Pop Group - Le bien nommé


Révélation de l'année 2006 avec son premier album auto-produit, nommé alors espoir suédois, The Electric Pop Group a depuis pleinement confirmé. Emmené par les frères Martin et Erik Aamot, rejoints par Jimmi Thunholm et Gustaf Murman par ailleurs membres de The Lost Homeboys, le combo fait aujourd'hui office de figure de proue de cette scène indie pop suédoise sans cesse renouvelée. Avec ses deux disques, le EP "Sunrise" et l'album "Seconds", sortis ensuite chez Matinée Recordings, rien que ça, la formation joue désormais dans la cour des grands et restera, c'est sûr, une référence dans les années à venir. C'est donc un honneur de rencontrer The Electric Pop Group, le bien nommé, via Martin Aamot qui répond à quelques questions.

- Comment tout cela a-t-il commencé ?

Officiellement, The Electric Pop Group s'est formé en 2005. Mais j'avais déjà écrit les premières chansons du groupe dès 2003-2004. J'ai ensuite demandé à mon frère Erik si ça lui disait de jouer dans un nouveau groupe et Erik a dit "oui" ! En fait, tant Erik que moi-même avions déjà joué dans plusieurs groupes, ensemble, dans les années 90. Au début, j'écrivais toutes les chansons mais très rapidement Erik a commencé à composer aussi, ce qu'il n'avait jamais fait jusque-là. En tant que The Electric Pop Group, nous avons fait notre premier concert en mars 2006, dans un club pop de Göteborg. Peu de temps après ce premier concert, nous avons joué dans un petit club indie d'Eskilstuna. Les gars qui ont organisé ce concert, Jimmi et Gustaf, ont un peu plus tard déménagé à Göteborg et ont rejoint le groupe dans un premier temps pour nous épauler lors des concerts. Nous avons enregistré notre premier album en 2006 et nous l'avons sorti par nous-mêmes en décembre de la même année.

- Justement et puisque l'on évoque les débuts du groupe, pourquoi avez-vous décidé d'auto-produire votre premier CD ?

Nous l'avons auto-produit tout simplement parce que nous étions alors un groupe inconnu et que l'on avait alors pas encore suscité l'intérêt d'un seul label. Cependant, nos amis Jörgen et Renée, de Fraction Discs, nous ont offert la possibilité de distribuer notre album et il a très bien marché !


- Par la suite, vous avez été contactés par Jimmy Tassos, du label Matinée. Comment est-ce arrivé ? Est-ce que Matinée est le label idéal pour vous ?

Jimmy nous a découverts sur Myspace et il a alors proposé de sortir notre disque suivant. Oui, je crois que Matinée est le label idéal pour nous. Jimmy a sorti tant de disques fantastiques et tout le travail qu'il accomplit pour les groupes est incroyable !

- Comment composez-vous ? Qui écrit les chansons ?

Maintenant, c'est Erik qui écrit la plupart des chansons mais j'en compose quelques unes aussi. Et quelques fois, on compose ensemble. Quand les chansons sont écrites, nous les enregistrons et nous faisons les arrangements ensemble. Généralement, quand on enregistre, on commence par la partie guitare et la voix d'Erik. Ensuite, je rajoute ma partie de guitare puis le clavier, la basse, le tambourin et je programme la boîte à rythmes.

- Quels sont vos groupes ou artistes préférés ? Et ceux qui ont eu une influence sur votre musique ?

Quand nous avons monté le groupe, nos principales influences étaient les Jesus and Mary Chain, les Stone Roses et les Smiths. Puis nous avons découvert ce que Sarah Records a sorti, des groupes fabuleux comme les Field Mice, Another Sunny Day et surtout Brigher ! Sinon, on aime aussi beaucoup Belle and Sebastian, les Razorcuts, Stereolab, Joy Division, New Order, les Byrds, Harper Lee et Northern Portrait.

- La chanson pop la plus parfaite de l'univers pour toi serait...

Il y en a tellement ! En voici quelques unes : "Inside out" de Brighter, "You should all be murdered" d'Another Sunny Day, "Mersey paradise" des Stone Roses et "The boy with the thorn in his side" des Smiths.

- Y a-t-il un concert qui te reste plus spécialement en mémoire ? Et pourquoi ?

Je crois que notre meilleur concert jusque-là était celui que nous avons fait au Copenhague Popfest, en avril l'année dernière. Le public a semblé vraiment nous apprécier et ça procure un sentiment fantastique !

- Parle nous un peu de votre deuxième album, "Seconds". Penses-tu qu'il soit très différent de votre premier disque ?

Oui, nous pensons qu'il est différent de notre premier disque. Parce que lorsque nous avons enregistré le premier album nous ne connaissions pas encore Brighter, Another Sunny Day ou les Field Mice. Alors je crois que le premier est principalement influencé par la musique des Jesus and Mary Chain, des Stone Roses et des Smiths tandis que "Seconds" s'inspire de toutes nos influences, ceci incluant toute la musique que nous avons découvert plus récemment.

- Comment est Göteborg ? Qu'aimez-vous faire en dehors du groupe ?

Disons que Göteborg est une ville assez ordinaire. Quelques fois, il y a de bons groupes qui jouent en concert et, bien sûr, nous allons les voir. En dehors de la musique, on aime jouer au football, courir en forêt et passer du bon temps avec des amis ou la famille.

- Peux-tu maintenant me parler de vos projets ? Des nouveaux disques ? Des concerts ?

Comme tu le sais, nous avons joué en France pour la première fois l'été dernier et en Angleterre à l'automne. Nous espérons maintenant que nous allons pouvoir aller jouer aux Etats-Unis cette année. Sinon, depuis que nous avons sorti notre second album, nous n'avons pas encore beaucoup de nouvelles chansons. Mais nous allons continuer à en écrire et nous allons donc probablement sortir un nouvel album et peut être un autre EP dans le futur.

- Quels sont vos espoirs pour The Electric Pop Group ?

Tout ce que nous voulons pour The Electric Pop Group, c'est que les gens apprécient notre musique et que nous allons pouvoir continuer à jouer pour tous ceux qui voudront bien nous écouter !

mercredi 23 février 2011

The Bats - "The guilty office", éloge de la culpabilité


Je dois bien l'avouer. Le précédent opus des Bats, "At the national grid", m'avait un peu déçu. Il m'avait laissé comme un sentiment d'inachevé, de bâclé. Une vague impression d'un groupe qui avait fait le tour de la question. Comme à bout de souffle. Ce n'est donc pas sans retenir ma respiration et avec une petite appréhension que j'ai inséré dans le lecteur CD le septième album des Bats, "The guilty office", déposé ce matin dans ma boîte aux lettres par la gentille fonctionnaire des P & T qui habituellement ne me laisse que des factures. Bref, le disque est sorti il y a deux ans déjà en Nouvelle-Zélande sur Arch Hill Recordings et est paru depuis sur diverses structures en Europe, aux Etats-Unis et en Australie. Mon exemplaire a été édité par l'excellent label Yesboyicecream (Soda Fountain Rag, Suburban Kids With Biblical Names, tribute aux June Brides...). Mea culpa, j'avais fait l'impasse jusque-là. J'avais retardé l'échéance de l'acquisition présageant un nouveau désappointement. Et puis, dès la première écoute, toute crainte a été bien vite dissipée. Dès la première écoute, j'ai su que ce disque n'aurait pas fini de tourner par ici. Dès la première écoute, j'ai su qu'il rejoindrait le cortège des classiques satellisés dans la galaxie des galettes astronomiques. Au firmament des disques parfaits de bout en bout. A l'image de la septième chanson "Satellites" qui n'aurait pas dépareillé sur "Daddy's highway", "The law of things" ou "Fear of god".
Au total, "The guilty office" compte douze morceaux. Tout commence avec deux chansons, "Countersign" et "Crimson enemy", elles aussi "pur jus" Bats des débuts. Accords tous simples, rythmiques folâtres, la voix de Kaye Woodward fait toujours mouche lorsqu'elle rejoint celle de Robert Scott sur les refrains. Tout se poursuit avec deux excellentes chansons mélancoliques, "Broken path" et "Castle lights", et une jolie ballade romantique de moins de deux minutes, "Like water in your hands". Cinq chansons et déjà pas de fausse note. Pas le temps de reprendre son souffle, "Two lines" vient enfoncer le clou de ce doux passage avec ses cordes et sa petite distorsion tout en finesse. La deuxième partie de l'album se poursuit donc avec le magnifique "Satellites", un "Later on that night" tout en douceur qui aurait pu être écrit par Grant Mac Lennan et Robert Foster, et "Steppin' out", un pur tube pop concis et terriblement efficace. Les trois derniers titres sont tour à tour langoureux avec "The I specialist", aérien avec "The guilty office" et mélodiquement imparable avec "The orchard"... Le disque se termine alors qu'il a à peine commencer. Troisième écoute, déjà, depuis ce matin. Bilan : un sans faute. Me voilà retourné comme une crêpe...
Rassuré par le fait que les Bats savent toujours écrire de bonnes pop songs, je me suis dit que cette journée commençait foutrement bien. Que je plaide coupable. Que je devrais peut être ré-écouter "At the national grid" plus attentivement. J'ai réalisé que les Bats nous enchantent depuis bientôt trente ans ! Et je ne veux pas que ça s'arrête.
Hier, un violent séisme, de magnitude 6,3 sur l'échelle de Richter, a frappé Christchurch, la seconde ville de Nouvelle-Zélande, ville d'où sont originaires les Bats. Un bilan provisoire avait fait état de plus de 75 victimes et des centaines de disparus. J'espère que Robert Scott, Kaye Woodward, Paul Kean et Malcolm Grant vont bien.

mardi 1 février 2011

Blueboy - Popkiss


Evoquer l'histoire de Blueboy n'est pas chose aisée. Parce que l'on a tout dit, tout lu et que l'on semble tout savoir sur ce groupe. Parce que le décès du chanteur, Keith, est encore tout frais dans nos mémoires et nous aura, nous fans de la première heure, profondément touchés et marqués il y a de cela maintenant presque quatre ans. Le temps passe. Trop vite. Fort heureusement, et contrairement à beaucoup d'autres groupes de cette période, Blueboy ne tombera pas dans l'oubli. Le label él Records a eu en effet la bonne idée de ré-éditer, au premier trimestre 2010, les différents albums du groupe assortis de leurs singles parus tant sur Sarah Records que sur Shinkansen Recordings. De quoi combler la frustration de ceux qui n'ont pas eu la chance d'acquérir alors ces perles parus tout au long de la dernière décennie du XXe siècle.
Tout commence en fait à Reading, en Angleterre, en 1989. Le groupe est d'abord un duo formé par le chanteur Keith Girdler et le guitariste Paul Stewart. Il naît des cendres de Feverfew, formation discrète puisqu'elle ne sortira qu'un flexi et participera à une poignée de compilations, la plupart posthumes (sur les cassettes "Mind The Gap", "Corrupt postman", "Out of the blue", "You can't be loved forever", "And they call it pop"), et à l'excellent split-single (avec The Rileys) sorti à l'été 1992 sur le fabuleux label allemand A Turntable Friend Records.
Bref, Keith et Paul, eux se connaissent depuis longtemps déjà ; ils se sont rencontrés en 1983. Leurs goûts en matière de musique sont communs et ils décident donc de persévérer en enregistrant une nouvelle démo, celle de la chanson "Clearer", qu'ils envoient au déjà mythique label Sarah Records. Matt et Clare sont conquis et un premier single de Blueboy, comportant aussi la chanson "Alison", sort à l'automne 1991. Les fans du label de Bristol sont d'emblée sous le charme de ces ballades mélancoliques, de ce son pur et délicat qui sera le marque de fabrique de Blueboy. Ces boucles d'arpèges, ces guitares aériennes, cette voix faussement timide et volontairement suave seront la bande originale de l'hiver 1991-1992. Le groupe ne reste alors pas longtemps à l'état de duo. Keith et Paul sont rejoints par le guitariste Harvey Williams (officiant alors au sein d'Another Sunny Day et des Field Mice), Gemma Townlet au chant et au violoncelle, auxquels s'ajoutent un bassiste, Mark, et un batteur, Lloyd. C'est avec cette formation que Blueboy sort, chez Sarah Records, en 1992, son second 45 tours, "Popkiss" suivi d'un premier album, le parfait "If wishes were horses", l'un des meilleurs disques des années 90. Viennent ensuite encore trois 45 tours, "Meet Johnny Rave" - mon préféré -, "Some gorgeous accident" et "River", précédant un second album "Unisex" qui tranche un peu avec les premiers opus et marque une légère transition dans la musique de Blueboy. Celle-ci se fait plus dense et c'est à l'issue de cette sortie que Mark et Lloyd quittent le groupe, en 1994. Gemma passe à la basse et Martin Rose joue de la batterie pour un nouvel enregistrement, le single "Dirty mags", le tout dernier 45 tours sorti sur Sarah Records. Mais la collaboration avec Matt Haynes, co-fondateur du label, ne s'arrête pas là. Celui-ci décide après le sabordage de la fée de Bristol de créer un nouveau label, Shinkansen Recordings, où il prend comme pensionnaire le groupe. Blueboy y sort, en 1996, le 45 tours "Love yoursef". Blueboy redevient ensuite un duo composé de ses deux fondateurs, Keith et Paul, auxquels s'ajoutent Cath Close au chant, James Neville à la basse et Ian Gardner à la batterie pour ce qui sera, en 1998, leur troisième et ultime album "The Bank of England".
Le groupe se sépare, laissant à ses fans cette image de fragilité mélancolique et de sens mélodique profond. Laissant aussi à tous ceux qui les ont vus en concert - j'en connais qui ont été marqués à vie -, un souvenir ému tant leurs prestations scéniques étaient magnifiques (en témoigne le 45 tours "Bikini" édité par le label bordelais Aquavinyle Records en 1995). Mais Blueboy était encore plus que ça. C'était aussi un groupe militant, clairement positionné très à gauche, qui n'oubliait jamais de défendre des causes justes, dont la lutte contre l'homophobie ou contre le racisme. Des gens engagés, sensibles, courageux. Juste des gens biens.

Après la séparation de Blueboy, on a retrouvé Paul et Keith aux commandes de deux autres groupes, Arabesque et Beaumont, qui ont sorti quelques disques sur le label espagnol Siesta Records. Keith a aussi participé à Lovejoy dont on peut écouter les disques parus sur Matinée Recordings.

Le 15 mai 2007, Keith Girdler est décédé d'un cancer. Il nous manque terriblement.

Blueboy, ce fut au fil des années : Keith Girdler, Paul Stewart, Gemma Townlet, Harvey Williams, Mark, Lloyd, Martin Rose, Cath Close, James Neville, Ian Gardner.

A écouter
BLUEBOY
- "Clearer", 45 tours, octobre 1991, Sarah Records, SARAH 055.
- "Popkiss", 45 tours, août 1992, Sarah Records, SARAH 065.
- "If wishes were horses", LP/CD, septembre 1992, Sarah Records, SARAH 612.
- "Speedboat", CD, 21 septembre 1993, Quattro Label, QTCY-2027 (compilation japonaise regroupant les singles "Meet Johnny Rave" et "Some gorgeous accident").
- "Cloudbabies", flexi 5", 1993, Sarah Records, SARAH 070.
- "Meet Johnny Rave", 45 tours/CD, 1993, Sarah Records, SARAH 074.
- "Some gorgeous accident", 45 tours/CD, 1993, Sarah Records, SARAH 080.
- "River", 45 tours/CD, mai 1994, Sarah Records, SARAH 088.
- "Unisex", LP/CD, mai 1994, Sarah Records, SARAH 620.
- "Bikini", 45 tours, mai 1995, Aquavinyle Records, AQUA 01.
- "Dirty mags", 45 tours/CD, 1995, Sarah Records, SARAH 099.
- "Love yourself / Melancholia", 45 tours, 14 octobre 1996, Shinkansen Recordings, SHINKANSEN 4.
- "1.6.98", 45 tours/CD, juin 1998, Shinkansen Recordings, SHINKANSEN 9.
- "The Bank of England", CD, 6 juillet 1998, Shinkansen Recordings, SHINKANSEN 12.
- "If wishes were horses", CD, 18 janvier 2010, él Label, ACME 500.
- "Unisex", CD, 15 février 2010, ACME 501.
- "The Bank of England", CD, 15 mars 2010, ACME 502.


ARABESQUE
- "Introducing the Summer Sounds of...", EP, mai 1995, Siesta Records, SIESTA 19.
- "The Grooming Gambit EP", EP, octobre 1997, Siesta Records, SIESTA 59.

BEAUMONT
- "This Is...", février 2000, Siesta Records, SIESTA 112.
- "Discothèque a la carte", juillet 2001, Siesta Records, SIESTA 095.
- "Tiara", mars 2003, Siesta Records, SIESTA 152.
- "No time like the past", mai 2005, Siesta Records, SIESTA 202.

Sur quelques compilations
- "Chelsea guitar" sur "Grimsby Fishmarket 4 Norrkoeping 0".
- "Clearer" sur "In this place called nowhere", 1992, Quattro.
- "My favourite things" sur "The sound of music", compilation anti-raciste et anti-fasciste, 1993, Bring-on-Bull Records.
- "Elle" et "Air France" sur "La rue du Chat Qui Pêche", 1993, Sarah/Quattro.
- "Try happiness" et "Air France" sur "Gaol Ferry Bridge", 1994, Sarah Records.
- "Clearer" et "Popkiss" sur "Engine Common", 1995, Sarah Records.
- "River" et "Toulouse" sur "Battery Point", 1995, Sarah Records.
- "The joy of leaving" sur "There and Back Again Lane", 1995, Sarah Records.
- "My favourite things" sur "PREGO ! The Menu of Trattoria", 1995, Trattoria.
- "80's diaries", sur "Country music : songs for Keith Girdler", 2008, Siesta Records. Le label espagnol Siesta, avec l'aide d'amis de Keith et de Richard Preece (du groupe Lovejoy) ont sorti cette compilation hommage. Les bénéfices sont reversés au Martlets Hospice, à Hove, qui a pris soin de Keith pendant qu'il était malade.

mardi 25 janvier 2011

Strawberry Story - Coming back to Ashlands Road


Amusons nous une nouvelle fois à faire un peu d'archéologie. Avec Strawberry Story, l'un des meilleurs groupes d'indie(fuzz)pop qui ait jamais existé. Strawberry Story s'est formé à la fin des années 80, en Angleterre, et était composé d'Hayley (voix), Rex (guitare rythmique), James (guitare lead) et Paul (basse et boîte à rythmes). Entre 1988 et 1994, ils ont sorti une poignée de singles, quelques cassettes et flexis, participé à une foule de compilations et ont splitté laissant l'image d'un groupe qui a vécu à fond, comme la plupart de leurs chansons, une aventure musicale avant tout basée sur le fun. Alors qu'ils tombaient un peu dans l'oubli mais qu'ils restaient néanmoins bien vivants dans la mémoire de ceux qui ont pu les apprécier à l'époque, ils se sont reformés à la fin de la dernière décennie pour quelques concerts et deux CDs sortis aux Etats-Unis et en France. Quoi qu'il en soit, Strawberry Story fut sans doute l'un des groupes les plus fabuleux au sein de l'univers si prolifique de l'indie-pop britannique. Il fut aussi l'un des plus généreux en participant à une vingtaine de compilations et de flexis.
Du point de vue du style, Strawberry Story représente la face de l'indie-pop la plus "pure" de par son côté drôle, désinhibé et enjoué. Alors que leurs "collègues" et amis des Fat Tulips et des Haywains ont utilisé les fondamentaux de douceur et d'innocence (pour les premiers) ou de pur fun et de jolies mélodies (pour les seconds), Strawberry Story a réussi à condenser tous ces ingrédients en y combinant de magnifiques chœurs, une vélocité sonique et la voix enfantine d'Hayley, un petit bout de chanteuse arborant toujours un large sourire. A ses côtés, trois popkids : Rex et James jouaient des guitares et composaient les chansons tandis que Paul officiait à la basse et à la programmation de la boîte à rythmes.
L'histoire du groupe a donc commencé en 1988, avec "Thinking of Julie", leur premier 45 tours, paru sur leur propre label, Daisy Chain Records, confirmant encore l'adage qui veut que l'on ne soit jamais aussi bien servi que par soi-même. Mais le groupe a toujours conservé un mauvais souvenir de ce disque et omettra régulièrement de signaler son existence lorsqu'il sera question de sa discographie. D'ailleurs, les chansons y figurant n'apparaissent même pas sur la compilation CD regroupant tous leurs 45 tours, sortie sur Vinyl Japan. Le point de départ de leur production musicale se situe donc en 1989 et 1990 avec la sortie du flexi "The literary achievement of soft fruit" et du 45 tours "Easy peazy lemon EP", toujours sur Daisy Chain Records. En Espagne, Elefant Records publie également quelques copies du flexi. "Easy peazy lemon EP" est un disque qui vous scotche dès la première écoute. Sur ce disque, "Gone like summer" commence avec une douce voix enfantine avant de s'emballer frénétiquement. Hayley chante, et crie presque parfois, les guitares sous distorsion déversent leur flot mélodique pendant qu'un orgue Hammond et une batterie espiègles marquent le rythme. En moins de trois minutes, l'effet est saisissant. "Kissamatic Lovebubble" (délicieux titre) reprend la formule à son compte. Le ton est donné et le groupe s'est forgé un son.
Sur "The literary achievement of soft fruit", sorti en 1990, le résultat est sensiblement différent du précédent disque mais tout aussi génial. Deux chansons sont au menu. Si "Buttercups and daisies" reprend la recette des guitares distordues, leur volume sonore est plus atténué. Des percussions viennent également ajouter une nouvelle touche dans leur musique. La grosse surprise du disque vient du magnifique "Midsummers daydream", une ballade acoustique calme et ultra-mélodique qui laisse présager de futures merveilles du même acabit et les placent au même niveau que leurs futurs compagnons de labels, les Fat Tulips.
Les mois passent. En 1991 et 1992, Strawberry Story enregistre deux 45 tours pour deux des plus importants labels indie-pop d'alors : Parasol et Heaven Records. Sur le premier, intitulé "Caroline", les trois chansons prouvent que le groupe a atteint sa maturité avec notamment "Ashlands Road", une ballade devenue mythique tant tout popkid gratouillant sur une guitare rêverait de l'avoir écrite. C'est définitivement l'un de leurs "tubes" et on le retrouvera fort logiquement sur la compilation"Waaaaah ! CD". Sur Heaven, le label de Nottingham, fondé par Matt, batteur des Fat Tulips, sort "Small and slightly rounded", peut-être leur meilleur disque, comprenant quatre titres. "Chicken biscuit" est encore une chanson douce, avec une belle orchestration. Du pur sirop ! Quant aux trois autres, elles affirment définitivement la face noisy du groupe. Parmi celles-ci, "Twenty six" restera comme l'un de leurs meilleurs morceaux.
Ces deux disques leur permettent de se faire remarquer par le label Vinyl Japan où paraît le CDEP "The man with the stereo hands". On y trouve encore une somptueuse ballade, "Precious", aux délicates paroles évoquant les petits déjeuners en amoureux, côtoyant un "I never loved you" alternant explosions noisy et passages romantiques. Un délice. La carrière du groupe se poursuit avec "Lucky aubergine", un second CDEP, toujours sur Vinyl Japan, dans la veine du précédent. Le label nippon publie ensuite une compilation, "Clamming for it", regroupant la plupart des disques du groupe exceptés... le premier et le dernier. Le groupe se sépare. Jusqu'à sa reformation en 2007. Là, ils sortent sur Cloudberry Records "Sci-fi guy", un CD-R 3" avant de sortir en septembre 2008 le CD qui sonnera le glas d'une belle histoire indie-pop : le EP "Summer scene" sur Anorak Records.
On peut aujourd'hui trouver ça et là un tant leurs anciens disques que les plus récents à des prix pas trop exhorbitants. Si vous les dénichez, achetez les les yeux fermés. C'est tout simplement du fun sans date d'expiration !

A écouter
- "Thinking of Julie", 45 tours, 1988, Daisy Chain Records.
- "Easy peazy lemon EP", 45 tours, 1990, Daisy Chain Records.
- "The literary achievement of soft fruit", flexi, 1990, Daisy Chain Records.
- "Small and slightly rounded EP", 45 tours, 1991, Heaven Records, HV 05.
- "Caroline EP", 45 tours, 1991, Parasol Records, PAR 005.
- "Clamming for it", CD, 1993, Vinyl Japan, ASK 25.
- "The man with the stereo hands", maxi 45 tours et CD, 1993, Vinyl Japan, TASK 11.
- "Lucky aubergine", maxi 45 tours et CD, 1994, Vinyl Japan, TASK 24.
- "Sci-fi guy", CD-R 3", Cloudberry Records, 2007, Cloudberry 65.
- "Summer scene", CD-R, Anorak Records, 2008, Anorakcd 9.

Sur quelques compilations
- "For the love of Billy" et "I still want you", sur "You can't be loved forever 2", cassette.
- "Behind this smile", sur Windmill flexi 2, flexi, 1990, Windmill Records, Windmill 2.
- "For the love of Billy", sur "Positively teenage", cassette.
- "Roses", sur "Just another... compilation", Flippin Ace Recording Co.
- "The live and time...", sur "Instants of pleasure", cassette, Blam-A-Bit, BLAM 001.
- "This time baby", sur "Corrupt postman", cassette, Windmill Records.
- "Made of stone", sur "Bobby Stokes salutes the fall of Manchester", cassette, Ambition Records.
- "Close my eyes", sur "Big Muff", cassette, Big Muff fanzine.
 - "Buttercups and daisies", sur "Audacious", cassette, Lovely Records, LOCA 01.
- "Well what do you think of that then", sur "Are you ready", cassette, Windmill Records.
- "Kissamatic lovebubble", sur "And they call it pop", cassette, Fragrant.
- "Tell me know", sur Woosh flexi 2, flexi, 1988, Woosh Records, WOOSH 002.
- "Behind this smile", sur "Mind the Gap - The tape", cassette, 1990, Mind The Gap, MTG 2.
- "Ashlands Road", sur "The Waaaaah ! CD", CD, 1991, Bring-on-Bull Waaaaah, BULL 3-0.
- "Caroline" et "Close my eyes", sur "Waaaaah Single N°1", split 45 tours avec Kind et Dalek Beach Party, 1991, Bring-on-Bull Waaaaah, BULL 2-0.

jeudi 20 janvier 2011

The Cudgels - Joy bang !


La première fois que j'ai entendu The Cudgels j'en ai été tout retourné. Le morceau s'appelait "Big pink" et il figurait sur l'une de ces nombreuses compilations cassettes qui sortaient ou fleurissaient un peu partout au début des années 90. Ce qui m'a d'emblée frappé, c'était ce son unique, rêche, ce duo de voix masculin-féminin soutenu par des guitares tournoyantes qui vous emmènent haut, très haut. Le tout soutenu par une batterie et une basse métronomiques et un clavier ayant revêtu ses plus beaux atours 60's. Malgré une carrière "météoritique" (deux 45 tours, un flexi, une cassette, un album et quelques participations à des compilations), le groupe a pourtant laissé une empreinte importante dans le joyeux monde de l'indie-pop. Peut être parce que les frères Davies (ça ne s'invente pas...) - Andy et Stephen en l'occurrence et non Ray et Dave des Kinks - et leurs amis ont commis un sans faute. Peu de disques mais que du très bon donc, avec quelques hymnes même, comme l'indémodable "Joy bang !" ou le jubilatoire "5th Columnist".
Petit retour donc, sur l'histoire des Cudgels, avec le concours de Stephen (que je remercie au passage pour sa précieuse aide). "Tout a vraiment commencé à l'été 1986, m'a-t-il rappelé, Carlos Land, Andrew Davies, mon frère, et moi avons décidé de former un groupe. Nous étions inspirés par des groupes comme The Sea Urchins, Mighty Mighty, The Wedding Present, The Soup Dragons, Razorcuts, Shop Assistants." Andy compose les chansons, joue de la guitare et chante. Stephen joue de la basse. Quant à Carlos, il s'affaire sur une caisse claire et une grosse caisse qu'il a achetées d'occasion. "Tout ça était très basique et tout ce que nous voulions était faire quelques concerts près de chez nous, à l'époque Birmingham et pourquoi pas pousser jusqu'à Bristol ou Londres", ajoute Stephen. Assez rapidement, le groupe s'entiche de quelques fans, alors qu'il n'a enregistré que deux cassettes en répétition et fait autant de concerts à Dudley et Wednesbury. "Des concerts qui se sont bien passés, se souvient Stephen, nous avons ensuite demandé à une amie, Tracey Eastwood, de nous rejoindre au chant et au clavier. Nous avons alors enregistré notre première cassette démo." On est fin 1987 et le groupe commence à engranger les concerts et suscite l'intérêt des fanzines. "Des maisons de disques nous demandaient même des cassettes", abonde l'ancien Cudgel et, début 1988, le groupe est même sur le point de sortir un disque sur ce qui allait devenir le mythique Sarah Records. "Matt aimait beaucoup notre groupe mais comme le label venait juste de sortir ses premiers disques, il n'avait pas assez d'argent pour nous sortir quelque chose à ce moment-là." Manque de chance. Le temps passe et finalement The Cudgels ne sortiront rien sur Sarah Records. D'autres s'en chargeront. Tous, peut être moins prestigieux, mais aussi mythiques : Blam-A-Bit, Bring-on-Bull Waaaaah !, Rutland Records, Sunday Records et Lovely Records.
Quoi qu'il en soit, The Cudgels auront laissé de très bons souvenirs à tous les fans d'indie-pop. Quant à Stephen, il avoue que sa période préférée avec ce groupe a été celle des débuts, de 1986 à 1988 : "C'était très excitant même si nous étions un très petit groupe. Mais nous avions de vrais fans. Très fidèles." The Cudgels était l'un de ces groupes créés par des fans de musique, pour qui cette motivation est l'unique raison de faire de la musique. "On s'en foutait de faire carrière ou de l'argent, conclut Stephen, pour ma part, tout ce que je voulais, c'était faire un 45 tours puis splitter parce que c'était notre ambition au départ. Et puis finalement, nous avons fait beaucoup plus que tout ce que nous espérions." Ce que devrait être le postulat de départ de tout groupe, en somme.

Après s'être séparés, on a retrouvé quelques ex-Cudgels dans différents groupes comme Oporto, The Proctors et plus récemment The Winnebago Orchestra.

THE CUDGELS, ils en furent : Andrew P. Davies, voix et guitare, Stephen P. Davies, basse et batterie, Noel O'Donnell, basse, Carlos Land, batterie (1986-1987), Tracey Eastwood, voix et clavier (1987-1993), Marc Grove, batterie (1987-1988), Gavin Priest, guitare et voix, (1989-1992), Adrian "Josef" Jones, batterie (1989-1993).

A écouter
- "In the shadows", 45 tours, Blam-A-Bit, BLAM 013.
- "Coitus with The Cudgels", cassette, Rutland Records, RUTT 18.
- "Belly button sundae", flexi, 1991, Lovely Records, LOFA 05.
- "Joy bang !", 45 tours, 1991, Sunday Records, SUNDAY 008.
- "God's children", LP/CD, juillet 1992, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 9-0.


Sur quelques compilations
- "Summer colours", sur "The Waaaaah ! CD", CD, septembre 1991, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 3-0.
- "Big pink", sur "The jingle-jangle pop EP", flexi, Blam-A-Bit, BLAM 008.
- "Watermeadow dream", sur le "Waaaaah ! single n°2" (avec Kind, The Dufflecoats et The Cudgels), 45 tours, janvier 1992, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 2710-32.
- "Motorbike", sur "Just another... compilation", cassette, Flippin Ace Recording Co.
- "Big pink", sur "Shiver me timbers", cassette, Rutland Records, RUTT 16.
- "What do I get", sur "Bobby Stokes salutes the fall of Manchester", cassette, Ambition Records.
- "5th Columnist", sur "Honey at the core", cassette, Red Roses For Me, RRT 02.

samedi 15 janvier 2011

The Wendy Darlings - Enormous pop


Dans son excellent fanzine "Suck my pop", Baptiste, le batteur du trio clermontois, le soulignait fort justement : "Pour un groupe, faire de l'indie pop en France revient à peu près à monter une équipe de bobsleigh en Jamaïque". De ce côté-ci de la Manche, il est en effet une réalité chagrinante : les groupes pop ne sont pas légion... Surtout ceux qui se réfèrent à des groupes impeccables tels Beat Happening, The Pastels, The Clean, 14 Iced Bears, The Vaselines, Television Personalities ou encore Tullycraft... Résolument dans cette veine, The Wendy Darlings fait donc exception par ici. Et quelle exception ! Notre véritable exception culturelle à nous. Alors on a envie de les voir sortir des disques, jouer en concert - lieu où ils excellent tant leurs prestations, souvent joyeusement bordéliques mais toujours fichtrement énergiques, sont jouissives - et d'en savoir un peu plus en leur proposant de se prêter au petit jeu du question-réponse. Ce qu'ils ont accepté pour mon plus grand plaisir.

Qui sont les Wendy Darlings ? Quand, où et comment le groupe s'est-il formé ?

Baptiste : Ayant tous fait nos études à Clermont, on se connaissait plus ou moins depuis longtemps. Mais on ne s’est vraiment fréquentés tous les trois qu’aux alentours de 2006. Je me souviens d’un moment fondateur : avec Sylvain on avait vu un concert totalement mythique de Jack Lewis. Après ça, on a décidé de faire une jam session informelle avec Sylvain et notre pote Saint-Augustine (célèbre musicien clermontois). Sachant ça, Suzy, qui était verte de ne pas être de la partie, a tout fait pour nous rejoindre en vue de former un vrai groupe ! On a tout de suite conçu les Wendy comme un défouloir d’après-boulot, sponsorisé par quelques bières !
Sylvain : On traînait toujours dans les mêmes endroits, parfois les mêmes fêtes etc… en se connaissant de vue. Je savais que Suzy et Baptiste avaient un groupe qui venait juste de splitter, du coup, moi qui avait toujours rêvé de me payer une basse, j’me disais que c’était le moment ou jamais de tenter de faire du bruit avec des gens qui avaient plus ou moins un background musical identique au mien.
Suzy : Oui, je me souviens bien de ce concert où je n’étais pas là ! Je fulminais à Maubeuge (où j’avais été mutée pour le boulot), et je rêvais de fonder un groupe ! Alors quand je suis revenue, je crois qu’on était bien remontés tous les trois pour s’y mettre...

Pourquoi avoir choisi de jouer en trio ?

Baptiste : En fait, on a commencé à jouer à trois dès le début et on s’est plu immédiatement dans cette formule qui pousse nécessairement à faire quelque chose d’énergique et direct, sans fioritures inutiles. La mode musicale de ces dernières années est au contraire à l’emphase  façon Arcade Fire. Pour moi la pop telle que je la conçois est l’exact opposé. Il s’agit d’être concis, direct, brut, voire basique et ne compter que sur une poignée d’accords simples pour se concentrer sur l’énergie et les mélodies, c’est à dire l’essentiel en fait. Pour moi, en musique "less is more". Etrangement, je pense que c’est céder à une sorte de facilité que de vouloir impressionner un auditoire avec des arrangements luxuriants. Quoi de plus difficile que de faire simple ! Certaines chansons du Velvet ou de Beat Happening sont basées sur deux accords et sont absolument inouïes. Avec les Wendy on a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à atteindre un millième de leur talent ! Mais c’est motivant !
Sylvain : La plupart de mes groupes préférés sont des trios (Screamfeeder, Violent Femmes…) et j’aime l’énergie brute qui s’en dégage. C’est aussi beaucoup plus souple et chacun reste dans son rôle avec zéro problème d’ego, tout le monde est indispensable. La création des morceaux est beaucoup plus instinctive, moins "écrite"… et il y a plus de bière pour chacun de nous.
Suzy : Pour être honnête, au début je pensais uniquement chanter, comme cela avait été le cas avec notre groupe d’avant... Mais une guitare manquait tout de même, et comme on ne trouvait pas de guitariste dans l’immédiat, j’ai fini par emmener ma guitare, même si j’avais un peu honte de mes trois accords mal plaqués... Étant tout sauf une manuelle, je crois que je pourrais bosser la gratte pendant 85 ans, je n’évoluerais toujours pas ! Mais voilà, au final je crois que c’est le genre de non-maîtrise qui permet aussi de se décomplexer et de se défouler (pour ma part en tout cas !), et de libérer aussi de la place pour la basse, qui est très importante dans notre son.

Vous venez de Clermont-Ferrand. Comment est la scène musicale
clermontoise ? Y a-t-il d'autres groupes indie-pop ?

Baptiste : Clermont-Ferrand possède une scène musicale très riche et très diversifiée (vous pouvez d’ailleurs découvrir les groupes de nos copains comme dans notre top ami myspace.) Il y a d’excellentes formations folk (il y a le label Kutu Folk, Niandra Lades), post-rock, rock and roll, pop (Kissinmas). Personnellement, j’adore des groupes comme Araban (surf rock) ou les Kokomo’s (rockab’ minimaliste) et les projets divers des anciens Las Vegas Dead Brides (héros garage/punk de la ville), la pop-folk de notre ami Zak Laughed. Mais au niveau indie-pop, il n’y a qu’un seul groupe qu’on pourrait ranger dans cette case, c’est les fabuleux Bolik, formation pop surréaliste et bringuebalante qui fait penser à Pavement qui se seraient associés à Pascal Comelade. J’attends toujours chacun de leurs concerts avec impatience ! Par ailleurs un des groupes les plus classe de la ville est La Position du Tireur Couché, qui font de la pop sixties en français de haute facture et en plus très drôle !
Sylvain : Récemment, ça bouge plutôt bien, et la pop-rock reprend le dessus après une longue domination ska et autres. Il y a de très bons groupes qu’on prend plaisir à voir encore et encore sans ennui. L’indie-pop n’est pas spécialement représentée même si certains groupes s’en rapprochent parfois.
Suzy : Pas grand-chose à rajouter, c’est vrai qu’on a de la chance à Clermont d’avoir pas mal de groupes classe dans des domaines différents, et comme ce n’est pas non plus une ville bien grande, on finit plus ou moins par tous se connaître, voire être amis ! Après, c’est sûr que l’indie-pop n’est pas très présente, mais il y a d’excellents groupes pop (et ! vous oubliez les Glums les amis !), folk, garage...
Baptiste : Evidemment les Glums qui font une pop-psyché Brianjonestonienne du meilleur goût !

Plus largement, vous sentez-vous proches d'autres groupes français ? Pensez-vous que la France est un bon endroit pour faire de la pop ?

Baptiste : Les groupes et le public pop en France sont assez rares. J’ai l’impression qu’il y a très peu de place pour l’indie-pop en particulier. En France, les gens semblent aimer la  musique très ambitieuse, portée sur l’émotion et la sensibilité, le sérieux. Je me dis parfois que les Français sont par essence un peuple ennuyeux et qui aime l’ennui et que tout est donc perdu pour l’indie-pop. Les Français semblent plus portés vers la pop "radio friendly" un peu putassière ou carrément le pur rock and roll (ça c’est plutôt cool par contre). Avec les Wendy Darlings notre côté garage est ce qui nous permet de ne pas susciter le désintérêt. La pure pop n’est guère révérée dans notre pays me semble-t-il. Sinon, il y a des gens en France pour qui j’ai une admiration sans bornes comme The Existentialists (de Toulouse), Anne Bacheley (de Poitiers), Doggy et les recrues d’Anorak Records (Limoges), Coming Soon à Annecy. Il y a aussi Anabel’s Poppy Day à Paris et j’en oublie...
Sylvain : Je pense qu’il y a de très nombreux groupes de pop en France mais les petits indés comme nous, viennent rarement poser leurs amplis par chez nous. Pour ma part (et j’en suis pas forcément fier) j’ai un peu ralenti la quête incessante de nouveaux groupes sinon, je n’ai pas vraiment le temps de les "creuser" un peu. Les groupes dont je me sens proches ne sont pas français pour la plupart ou sinon c’est juste des groupes dont je me sens proche plus par affinité que part ressemblance musicale.
Suzy : Il faut tout de même dire que lorsqu’on pose le pied en Angleterre, on se sent tout de suite en terre amie... et qu’en France, j’ai souvent l’impression qu’on passe pour des branques ! Il y a un truc bizarre en France, c’est comme si on avait honte parfois de sautiller sur des mélodies surentraînantes, comme s’il fallait forcément un truc lourd, ou triste, ou (chiant !) derrière, pour se donner une caution... Enfin bref, je rejoins tout à fait Baptiste sur sa vision noire des choses !

Votre musique semble être influencée par des groupes comme The Vaselines, les Pastels, Television Personalities... Sont-ce des influences revendiquées ? Qu'est ce qui vous influence en général ?

Baptiste : On a tous des influences diverses, ce qui rend intéressant le fait de jouer en groupe, mais on se retrouve sur un certains nombre de trucs commun : les Vaselines, les Violent Femmes, les Pixies, Sonic Youth, Pavement, l’antifolk, le punk. Avec Suzy, on est plus précisément sous perfusion de pop sixties(Beach Boys, Kinks, Velvet, etc.) et de pop anglaise des années 80 du genre Jesus and Mary Chain, les Primitives, 14 Iced Bears, Television Personalities, les Pastels, les Go-Betweens, Talulah Gosh ! Mais les amerlocs aussi nous influencent énormément. Je pense aux Ramones, à Beat Happening, à Henry’s Dress et à tout ce qui provient de chez Slumberland Records. Personnellement, j’adore la noisy pop en général et aussi le punk et le post-punk à la The Fall ou Wire. Je suis aussi fou des productions de chez Flying Nun comme The Clean, les Bats ou Garageland…
Sylvain : C’est un peu pareil. On a traversé les 90’s plus ou moins de la même façon. Mais, moi, je serais plus la conscience mauvais goût du groupe, pas toujours très pop stricto sensu : j’aime bien des trucs comme G.Love, Jamie T., Neutral Milk Hotel, Refused, The Streets... Je me suis trouvé aussi une passion immodérée pour la scène australienne : méconnue mais assez incroyable (The Whats, I Heart Hiroshima, Soft Tigers...). Difficile de séparer ce que j’aime de ce qui m’influence...
Suzy : J’adore Sylvain, "je serais plus la conscience mauvais goût du groupe" Ha ! Ha ! Sinon oui, c’est vrai qu’on a tous des influences plutôt différentes, et je pense que c’est vraiment ce qui définit notre style au final, puisque chacun apporte son zeste pour la composition. Il m’arrive parfois de me dire : "Ah ! Si on avait tous mes goûts, on pourrait faire ci ou ça !" Mais au final, je pense que ce serait un peu chiant et qu’on finirait par tourner en rond. On se retrouve à faire des plans auxquels je n’aurais pas pensé par exemple, et c’est ce qui pousse vers l’avant et donne envie de jouer ! Sinon mes influences, effectivement, sont très très 50's et 60's à la base (Buddy Holly, les Kinks, les Beach Boys, les girls’ bands des 60's, etc), et beaucoup les Vaselines, les Pastels et les Mary Chain, les Go-Betweens, les Primitives, et puis... les livres, les films, les séries ! 

Pour vous, la meilleure chanson pop de l'univers c'est...

Baptiste : C’est une question horrible. Entre les hits des Beach Boys, de Jesus and Mary Chain, des Ramones ou de 14 Iced Bears, ou encore les tubes des différents girls bands sixties, il y a plein de chansons qui me viennent à l’esprit! Mais je dirais que pour moi, "Hey Allison" de Henry’s Dress  est une des chansons pop parfaites à tout point de vue.
Sylvain : Arf... Pas facile. Si je m’en réfère aux chansons que j’ai usées jusqu’à la corde, il y a "Darts" de Screamfeeder ou encore "Dream All Day" des Posies et des bien d’autres.
Suzy : Je suis in-ca-pable de donner un top 10 de quoi que ce soit, alors une seule... ! Hmm... Aujourd’hui, je dirais peut-être "Spring Rain" des Go-Betweens, "Rave On" de Buddy Holly, "Sugar Town" de Nancy Sinatra, "Nothing to be done" des Pastels ou "Hallelujah I love her so" de Fats Domino, mais demain je relirai ça en me disant "pff, n’importe quoi, c’est pas ça, c’est..." (et bien sûr, je n’ai pas réussi à m’en tenir à une seule !).

Vos concerts sont intenses et énergiques. Accordez-vous une grande importance à la scène ?

Baptiste : Pour nous faire des concerts est un vrai bonheur et un défouloir ! Plus ça va plus on adore ça ! En plus, nous sommes maintenant plus à l’aise sur scène et nous sommes prêts à jouer partout où on voudra de nous (bon peut-être pas dans une concentration de bikers ou dans une fête de la saucisse à Vierzon... y’a des limites quand même).
Sylvain : Bon, pour ma part, c’est un peu le but. Faire des chansons, c’est bien mais si c’est pour les jouer dans sa chambre, non. J’estime que jouer sur scène est une chance et j’essaie d’en tirer le maximum de fun même si les conditions peuvent être merdiques et le public juste pas là.
Suzy : Je me dis vraiment qu’on a une chance incroyable de jouer dans un groupe ensemble et de faire des chansons que je trouve enthousiasmantes (pour la plupart, car les autres savent que je me lasse vite et que j’ai rapidement envie de les coller dans un coin pour les oublier), alors jouer, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! On a envie que le public auquel on les joue ressente la même émotion, mais bien sûr ce n’est pas toujours le cas...

Vous avez joué en Angleterre. Comment s'est passée cette expérience ?

Baptiste : Quand nous avons joué à Londres et à Bristol, on s’est cru dans un rêve fabuleux. C’était de la science-fiction. Etre invités à jouer en Angleterre par des gens et avec des groupes en osmose musicale avec nous c’était merveilleux. En plus, être un groupe français et se produire dans le sanctuaire de l’indie-pop (Bristol est quand même le fief de Sarah Records !) est très flatteur. Là-bas j’ai eu l’impression de me sentir pousser des ailes en jouant, même si le trac était maximal ! En France, il n’y a vraiment qu’à Limoges lors de notre concert avec Doggy que nous avons senti une vraie atmosphère indie-pop comme en Angleterre.
Suzy : Vraiment, jouer là-bas est absolument génial, en plus on commence à tisser de vrais liens avec les gens qui organisent des concerts et qui jouent là-bas, et ce sont parmi les plus belles expériences de ma vie.

Quel est le meilleur compliment que vous ayez lu ou entendu à votre sujet ?

Baptiste : Vous ne jouez pas droit.
Sylvain : A chaque fois qu’on nous dit qu’on à l’air de prendre du plaisir quand on joue. J’aime quand les gens viennent dire à Suzy qu’elle a la classe (vestimentaire ou guitaristique).
Suzy : Quand on nous dit, une semaine plus tard, que la mélodie d’un de nos morceaux leur reste toujours dans la tête ! Aussi, quand on nous compare aux Vaselines ou aux Pastels, ou qu’on nous dit qu’il y a des trucs qui sonnent 60's ! 

Et la pire critique ?

Baptiste : Ça manque de basse (boutade à l’égard de Doc Poppy).
Sylvain : "Y a trop de basse".
Suzy : Une fois, alors qu’on finissait tout juste de jouer (on était encore sur scène, c’est dire !), une nana me tire par le bras pour me dire que j’avais une voix intéressante qui lui rappelait Nina Hagen, mais que je devrais prendre des cours de chant pour perfectionner ça... J’ai été intensément vexée pendant quelques mois (je le suis encore aujourd’hui !).

Baptiste, parle nous de ton fanzine "Suck my pop". Pourquoi avoir sorti un fanzine en vrai papier, à l'ancienne, à l'heure où tout le monde écrit son blog ? Que trouve-t-on dans ton fanzine et quels sont les groupes que tu as envie de mettre en avant ? Peut-on espérer une suite à ce premier numéro ?

Baptiste : L’idée de "Suckmypop" m’est venue après la découverte d’Anorak City ! Je me suis dit qu’il était indispensable de garder allumée la flamme de l’indie-pop. En plus j’avais le sentiment que la France et Clermont-Ferrand étaient désertiques sur ce plan. Je me suis dit qu’il fallait défendre tous ces merveilleux groupes indie trop injustement méconnus et qui méritent d’être découverts. Que pourrait-on attendre des radios et de la presse musicale françaises, inféodées au mercantilisme, au marketing dégueulasse, à la hype ? Par ailleurs j’ai choisi le format papier car je n’aime pas beaucoup m’abîmer les yeux à lire des blogs, je trouve ça pénible. Alors qu’on peut toujours avoir son fanzine sous la main et l’ouvrir de temps en temps. Ça a tellement plus de charme ! En plus j’ai joint une compilation 14 titres au fanzine ce qui permet d’écouter directement les groupes qu’on écoute. "SMP" cherche à promouvoir la pop sous toutes ces formes pourvue qu’elle soit authentique ! On aime les mélodies simples et catchy, la reverb, la saturation, les filles qui chantent, les dissonances, l’esprit punk, plein de choses diverses mais qui se rejoignent dans un même esprit qu’on appelle "indie" ! J’ai déjà des idées de groupes à interviewer pur le numéro 2 ! J’ai hâte de m’y mettre même si ça demande beaucoup de travail.
 
Quels sont vos projets et souhaits pour le futur des Wendy Darlings ? Des disques ? Des concerts ?


Baptiste : Tout de suite, j’ai une envie incroyable de faire de nouvelles chansons, d’essayer des trucs en répète, de m’éclater à jammer avec Sylvain et Suzy ! Et j’ai hâte de retourner au Royaume-Uni ! Je veux aussi vraiment assister à la "pop and merguez party" d’Anorak (même si je suis végétarien !) (remise à jour : c’est chose faite, et quel festival !).
Sylvain : Pas mieux nouvelles chansons et des concerts, des concerts, des concerts.
Suzy : On va ressortir un 45 tours chez Marineville, retourner en Angleterre en mai et, j’espère, jouer à pop and Merguez en juillet ! Aussi, on a postulé pour jouer à Indietracks, ce serait absolument fabuleux (et un vrai rêve !).

vendredi 14 janvier 2011

Fat Tulips - Don't stop indie pop !


"Nothing can stop indie pop", "Please play that fuzzy guitar pop baby", "Don't stop indie pop", "Dig those fuzzy sounds" aimaient à clamer haut et fort les membres des Fat Tulips à la fin des années 80 et au début des années 90. Avec une telle motivation, rien ne semblait pouvoir les arrêter. A part eux-mêmes. Ce fut le cas au terme d'une histoire - trop - courte mais qui a fait vibrer plus d'un pop-kid. A chaque annonce de la sortie d'un nouveau disque (la plupart d'entre eux des 45 tours et des flexis puisque le groupe n'a fait qu'un album), on retenait notre souffle et on guettait le facteur qui allait amener le précieux paquet contenant le vinyle magique dans la boîte aux lettres. C'était autant attendu que la nouvelle sortie d'un 45 tours chez Sarah Records, la dernière trouvaille australienne de Summershine ou encore la signature de parfaits inconnus chez Marsh-Marigold Records. Allait-il être aussi bon que le précédent ? Les quatre de Nottingham continueraient-ils à nous distiller ces petits condensés d'indie-pop (2 mn-2mn30, formule "couple-refrain-couplet-refrain" parfois relevé d'un pont) ? Au final, on n'était jamais déçu. Parce que les Fat Tulips ne trichaient pas. Depuis le début jusqu'à la fin...
Le début, c'est en 1987. A Peterborough, Mark, à la guitare, et Sarah, au chant, forment les Fat Tulips et enregistrent leur première démo, "You opened up my eyes". Sarah ne fait qu'un passage éclair au sein du groupe. L'aventure se poursuit néanmoins. A Nottingham. Où Mark, toujours à la guitare, recrute Matt, à la batterie, Sheggi, d'abord à la guitare, Paul, à la basse, et Katie, au chant. C'est dans cette formation à cinq que les "Tulips" sortent leur premier 45 tours, sur le label de Matt (Heaven Records), le mythique "Where's Clare Grogan now ?", faisant référence à la chanteuse du groupe écossais devenu culte, Altered Images. Katie quitte le groupe qui restera jusqu'à la fin composé de Sheggi, Mark, Matt et Paul. Sheggi ne reste plus cachée en arrière-plan derrière sa guitare. Elle chante, donnant avec sa voix si particulière, presque enfantine, cette tonalité et cette âme qui font que les Fat Tulips ne ressemblent à aucun autre groupe. En quelques années, les concerts fougueux, les participations à de multiples compilations (dont sur la toute première sortie d'un label de Limoges... Anorak Records, la cassette "Teeny poppers") et à des split-flexis se succèdent à un rythme tout aussi effréné que leurs beats et leurs lignes de guitares. Les 45 tours, "Four songs for Simon", "Ferensway" (sur Heaven Records), "The Tulips explodes" (sur Rollercoaster Records), "Take me back to heaven" et "Albie" (sur Sunday Records) s'enchaînent également comme des perles. Avec, à chaque fois, un savant alliage de morceaux fuzzy déjantés et de subtiles ballades mélancoliques. Puis, les Fat Tulips signent sur Vinyl Japan qui sort coup sur coup un maxi 45 tours, deux 45 tours et ce qui restera comme l'un des meilleurs albums de la décennie 90 : "Starfish". En sept ans, de 1987 à 1994, le groupe a publié douze EP's ou flexis, un LP, et pris part à une foultitude de compilations tant sur cassettes que flexis ou CD. C'est juste après cet album "testament" qu'ils se séparent, la satisfaction du devoir accompli. Et, près de deux décennies plus tard, on se souvient encore de ces pochettes faussement naïves, des soirées à les écouter et à finir hilares en tas les uns sur les autres après avoir pogoté sur le survolté "Nostalgia" ou à reprendre en chœur "Dance to the sun" ou "So unbelievable", de leurs interviewes délirantes et de leur dérision permanente. On se rappelle même que pour certains c'était "le plus grand groupe de tous les temps"...
Et on se dit que c'était bien.

A écouter
- "Early years", 45 tours, Sunday Records, 1987.
- "Sweet William", flexi, 1989.
- "Where's Clare Grogan now ?", 45 tours, Heaven Records, 1989.
- "Four songs for Simon", 45 tours, Heaven Records, 1990.
- "Ferensway", 45 tours, Heaven Records, 1991.
- "The Tulip explodes", 45 tours, Rollercoaster Records, 1991.
- "Take me back to heaven", 45 tours, Sunday Records, 1991.
- "The way things are", flexi vendu avec le fanzine espagnol "Stamp", 1991.
- "Nostalgia", maxi 45 tours/CD, Vinyl Japan, 1992.
- "Albie", 45 tours, Sunday Records, 1992.
- "Heaven flexi", flexi, Heaven Records, 1992.
- "New spring rites for Sarah", 45 tours, Vinyl Japan, 1994.
- "Driving me wild", 45 tours, Vinyl Japan, 1994.
- "Sarah/Driving me wild", CD EP, Vinyl Japan, 1994.
- "Starfish", LP/CD, Vinyl Japan, 1994.


Quelques compilations
- "El Dorado", LP, 1990.
- "4 Bands 4 Songs", flexi, 1990.
- "Amelia", flexi, Spindly Killer Fish Records, 1990.
- "As long as you need me", cassette, Mind The Gap, 1990.
- "A girl called suicide", flexi, 1990.
- "The Waaaaah !" CD, Bring-on-Bull Records, 1991.
- "Don't tell me", compilation "Turquoise Days".
- "Embers", compilation "St. Johnstoun v. rest of the world".
- "Independance day", compilation "Corrupt postman", Windmill.
- "Where's Clare Grogan ?", version démo, compilation "Audacious", Lovely Records.
- "As long as you need me", compilation "You can't be loved forever".
- "All that matters", compilation "Positively teenage".
- "As long as you need me", compilation "Just another... compilation", Flippin' Ace Recording Co.
- "Fallen child of the seventies", compilation "Everlasting happiness".
- "Passionnate friend (live)", compilation "Teeny poppers", cassette, Anorak Records.

mercredi 12 janvier 2011

The Haywains - Doing it for fun


Il y a dix-huit ans, lorsque le premier numéro de mon fanzine Anorak City voyait le jour, j'avais eu envie d'interviewer The Haywains. Dix-huit ans après, alors qu'il n'existe malheureusement plus, c'est toujours la même envie qui me pousse à évoquer ce groupe qui aura accompagné depuis toutes ces années bon nombre de mes soirées - et parfois des nuits -, certains réveils (vous savez, quand on a besoin d'un bon coup de starter), mes vacances (rien de tel l'été pour aller à la mer... ou n'importe où ailleurs). Car qui peut mieux caractériser l'esprit indie-pop que les Haywains ?  Les Fat Tulips ? Strawberry Story ? J'y reviendrai. Des guitares toujours fuzzy mais jamais inutilement noisy, des morceaux sculptés autour de quatre accords en n'oubliant jamais les nécessaires refrains accrocheurs, un design influencé 50's toujours impeccable, des concerts endiablés où le plus réfractaire des musicophobes n'aurait pas pu s'empêcher de taper du pied, The Haywains c'était tout ça et beaucoup plus même. Aujourd'hui, ils sont au même titre que les Brilliant Corners, les Housemartins ou Heavenly, entrés dans la légende, que dis-je, le Panthéon de l'indie-pop au terme d'une histoire, hélas !, aussi courte que leurs morceaux toujours calibrés au bon format.
Les débuts de ce groupe anglais originaire de la campagne environnante de Bath et de Bristol - de Midsomer Norton pour être précis - remontent au printemps 1988. Six ados s'ennuient. Fans de musique 60's, des Undertones, des Wedding Present, d'Orange Juice, des Brilliant Corners, des Smiths et du Monochrome Set, ils décident de fonder un groupe. The Haywains sont nés. Tout va ensuite très vite. Le premier concert, où, ivres, ils font un peu n'importe quoi, leur servira de leçon !? Ils enregistrent, très vite aussi, leurs premiers morceaux - toujours en 1988 le label Woosh leur sort un flexi, "The surfin' trowbridge" - et créent - comme le veut l'adage, on n'est jamais mieux servi que par soi-même - leur propre label, Emily's Shop Records. Tout juste un an après leur formation, en août 1989, ils sortent leur premier single qui est désormais un classique du genre : "Fisherman's friend". Même si la vague 1986 est passée, que les Haywains se risquent à aller à contre-courant et que désormais le monde vibre sur les sonorités "Madchester", le 45 tours reçoit, grâce à sa fraîcheur, un accueil favorable tant en Angleterre qu'à l'étranger. Suit toute une ribambelle de 45 tours, de flexis, de participations à des compilations sur des petits labels en Europe et aux Etats-Unis. En 1991, c'est sur leur propre structure et avec leurs propres deniers qu'ils éditent leur premier LP, un disque que, vingt ans après, on prend toujours autant de plaisir à écouter, "Never mind Manchester, here's... The Haywains", le bien nommé ! L'année suivante, ils signent sur Vinyl Japan. Le single "Rosanna" précède leur second album, "Desperately seeking something", publié en 1994. Autant de disques qui feront d'eux l'un des groupes les plus incontournables et les plus appréciés de la scène indie-pop des années 90. En 1995, sort sur le label espagnol Elefant Records leur dernier single, "Why do I get the feeling your mother hates me ?", qui, à lui seul, par sa pochette toujours très empreinte de l'imagerie des années 50, son titre ironique et ses mélodies toujours urgentes mais jamais bâclées, symbolise leur esprit.
Pour ceux qui auraient raté le début, une compilation, "Get happy with The Haywains", regroupe leurs 45 tours et flexis aujourd'hui quasiment impossibles à dénicher. C'est en août 1996 qu'ils annoncent leur concert d'adieu. Celui-ci a lieu chez eux, presque à la "maison", puisqu'il se déroule à Midsomer Norton au même endroit où ils avaient fait leurs premiers pas sur scène pile-poil sept ans auparavant. Le dernier ? Pas vraiment. Un autre concert, en février 2001, permet au groupe de se retrouver. Leur fraîcheur est intacte. La pop, ils savent toujours en jouer et la flamme est toujours bien présente. Cette flamme qui donne envie de perpétuer leur esprit : "Doing it for fun".

THE HAYWAINS
Les principaux "acteurs" : Jeremy Hunt (chant), Rachel Jones (chant), Paul Towler (guitare), Dave Yelling (basse), Marc Bendell (batterie).
Les "intermittents" : Richard (guitare), Benny (guitare), Lee (chant), Katie (chant), P.S. (basse), Boyd (basse), Jim (basse), Nyez (batterie) et Pete (batterie).

A écouter sur des compilations
- "Stand with you", compilation cassette "Turquoise days", 1988.
- "Fisherman's friend", compilation cassette "Now that's righteous"", 1988.
- "Shine", compilation cassette "Corrupt postman", 1988.
- "Forget me not", flexi, Windmill, 1989.
- "Kill karaoke" et "Dusty Springfield", compilation CD "Waaaaah !", Bring-on-Bull, 1991.
- "Rosanna", compilation CD "What do you want a Japanese to do ?", Vinyl Japan, 1992.
- "Emily's shop", compilation CD "What do you want a Japanese to do again ?", Vinyl Japan, 1993.
- "I have a confidence", compilation LP/CD anti-fasciste et anti-raciste "The sound of music", Bring-on-Bull, 1993.
- "Just the job", compilation "Our floating images of youth", Vinyl Japan, 2000.

A voir
- "Bye bye boyfriend", compilation vidéo "Munch Part 1", Season Records, 1993.

A écouter
- "The surfin' trowbridge", flexi 2 titres, Woosh, 1988.
- "Fisherman's friend", 45 tours 4 titres, Emily's Shop, 1989.
- "The freshen up EP", 45 tours 3 titres, Blam-a-Bit, 1990.
- "Never mind Manchester, here's... The Haywains", LP 14 titres, Emily's Shop, 1991 ; ré-édition CD 15 titres, Vinyl Japan, 1993.
- "Snuggle up warm with The Haywains", 45 tours 2 titres, Four Letter Words, 1991.
- "Rosanna", maxi 45 tours 4 titres, Vinyl Japan, 1992.
- "Get happy with The Haywains", compilation CD 19 titres, Vinyl Japan, 1993.
- "Desperately seeking something", LP/CD 14 titres, Vinyl Japan, 1994.
- "Why do I get the feeling your mother hates me ?", 45 tours 4 titres, Elefant Records, 1995.
- "Get happy with The Haywains", cassette démo 8 titres, 1988.
- "In bed with The Haywains", cassette live 10 titres, Elefant Records, 1991.
- "No sleep 'til membury", cassette live, 1992.
- "More songs about radstocks and girls", CDR live, 2001 (22 copies !!!).