mardi 25 janvier 2011

Strawberry Story - Coming back to Ashlands Road


Amusons nous une nouvelle fois à faire un peu d'archéologie. Avec Strawberry Story, l'un des meilleurs groupes d'indie(fuzz)pop qui ait jamais existé. Strawberry Story s'est formé à la fin des années 80, en Angleterre, et était composé d'Hayley (voix), Rex (guitare rythmique), James (guitare lead) et Paul (basse et boîte à rythmes). Entre 1988 et 1994, ils ont sorti une poignée de singles, quelques cassettes et flexis, participé à une foule de compilations et ont splitté laissant l'image d'un groupe qui a vécu à fond, comme la plupart de leurs chansons, une aventure musicale avant tout basée sur le fun. Alors qu'ils tombaient un peu dans l'oubli mais qu'ils restaient néanmoins bien vivants dans la mémoire de ceux qui ont pu les apprécier à l'époque, ils se sont reformés à la fin de la dernière décennie pour quelques concerts et deux CDs sortis aux Etats-Unis et en France. Quoi qu'il en soit, Strawberry Story fut sans doute l'un des groupes les plus fabuleux au sein de l'univers si prolifique de l'indie-pop britannique. Il fut aussi l'un des plus généreux en participant à une vingtaine de compilations et de flexis.
Du point de vue du style, Strawberry Story représente la face de l'indie-pop la plus "pure" de par son côté drôle, désinhibé et enjoué. Alors que leurs "collègues" et amis des Fat Tulips et des Haywains ont utilisé les fondamentaux de douceur et d'innocence (pour les premiers) ou de pur fun et de jolies mélodies (pour les seconds), Strawberry Story a réussi à condenser tous ces ingrédients en y combinant de magnifiques chœurs, une vélocité sonique et la voix enfantine d'Hayley, un petit bout de chanteuse arborant toujours un large sourire. A ses côtés, trois popkids : Rex et James jouaient des guitares et composaient les chansons tandis que Paul officiait à la basse et à la programmation de la boîte à rythmes.
L'histoire du groupe a donc commencé en 1988, avec "Thinking of Julie", leur premier 45 tours, paru sur leur propre label, Daisy Chain Records, confirmant encore l'adage qui veut que l'on ne soit jamais aussi bien servi que par soi-même. Mais le groupe a toujours conservé un mauvais souvenir de ce disque et omettra régulièrement de signaler son existence lorsqu'il sera question de sa discographie. D'ailleurs, les chansons y figurant n'apparaissent même pas sur la compilation CD regroupant tous leurs 45 tours, sortie sur Vinyl Japan. Le point de départ de leur production musicale se situe donc en 1989 et 1990 avec la sortie du flexi "The literary achievement of soft fruit" et du 45 tours "Easy peazy lemon EP", toujours sur Daisy Chain Records. En Espagne, Elefant Records publie également quelques copies du flexi. "Easy peazy lemon EP" est un disque qui vous scotche dès la première écoute. Sur ce disque, "Gone like summer" commence avec une douce voix enfantine avant de s'emballer frénétiquement. Hayley chante, et crie presque parfois, les guitares sous distorsion déversent leur flot mélodique pendant qu'un orgue Hammond et une batterie espiègles marquent le rythme. En moins de trois minutes, l'effet est saisissant. "Kissamatic Lovebubble" (délicieux titre) reprend la formule à son compte. Le ton est donné et le groupe s'est forgé un son.
Sur "The literary achievement of soft fruit", sorti en 1990, le résultat est sensiblement différent du précédent disque mais tout aussi génial. Deux chansons sont au menu. Si "Buttercups and daisies" reprend la recette des guitares distordues, leur volume sonore est plus atténué. Des percussions viennent également ajouter une nouvelle touche dans leur musique. La grosse surprise du disque vient du magnifique "Midsummers daydream", une ballade acoustique calme et ultra-mélodique qui laisse présager de futures merveilles du même acabit et les placent au même niveau que leurs futurs compagnons de labels, les Fat Tulips.
Les mois passent. En 1991 et 1992, Strawberry Story enregistre deux 45 tours pour deux des plus importants labels indie-pop d'alors : Parasol et Heaven Records. Sur le premier, intitulé "Caroline", les trois chansons prouvent que le groupe a atteint sa maturité avec notamment "Ashlands Road", une ballade devenue mythique tant tout popkid gratouillant sur une guitare rêverait de l'avoir écrite. C'est définitivement l'un de leurs "tubes" et on le retrouvera fort logiquement sur la compilation"Waaaaah ! CD". Sur Heaven, le label de Nottingham, fondé par Matt, batteur des Fat Tulips, sort "Small and slightly rounded", peut-être leur meilleur disque, comprenant quatre titres. "Chicken biscuit" est encore une chanson douce, avec une belle orchestration. Du pur sirop ! Quant aux trois autres, elles affirment définitivement la face noisy du groupe. Parmi celles-ci, "Twenty six" restera comme l'un de leurs meilleurs morceaux.
Ces deux disques leur permettent de se faire remarquer par le label Vinyl Japan où paraît le CDEP "The man with the stereo hands". On y trouve encore une somptueuse ballade, "Precious", aux délicates paroles évoquant les petits déjeuners en amoureux, côtoyant un "I never loved you" alternant explosions noisy et passages romantiques. Un délice. La carrière du groupe se poursuit avec "Lucky aubergine", un second CDEP, toujours sur Vinyl Japan, dans la veine du précédent. Le label nippon publie ensuite une compilation, "Clamming for it", regroupant la plupart des disques du groupe exceptés... le premier et le dernier. Le groupe se sépare. Jusqu'à sa reformation en 2007. Là, ils sortent sur Cloudberry Records "Sci-fi guy", un CD-R 3" avant de sortir en septembre 2008 le CD qui sonnera le glas d'une belle histoire indie-pop : le EP "Summer scene" sur Anorak Records.
On peut aujourd'hui trouver ça et là un tant leurs anciens disques que les plus récents à des prix pas trop exhorbitants. Si vous les dénichez, achetez les les yeux fermés. C'est tout simplement du fun sans date d'expiration !

A écouter
- "Thinking of Julie", 45 tours, 1988, Daisy Chain Records.
- "Easy peazy lemon EP", 45 tours, 1990, Daisy Chain Records.
- "The literary achievement of soft fruit", flexi, 1990, Daisy Chain Records.
- "Small and slightly rounded EP", 45 tours, 1991, Heaven Records, HV 05.
- "Caroline EP", 45 tours, 1991, Parasol Records, PAR 005.
- "Clamming for it", CD, 1993, Vinyl Japan, ASK 25.
- "The man with the stereo hands", maxi 45 tours et CD, 1993, Vinyl Japan, TASK 11.
- "Lucky aubergine", maxi 45 tours et CD, 1994, Vinyl Japan, TASK 24.
- "Sci-fi guy", CD-R 3", Cloudberry Records, 2007, Cloudberry 65.
- "Summer scene", CD-R, Anorak Records, 2008, Anorakcd 9.

Sur quelques compilations
- "For the love of Billy" et "I still want you", sur "You can't be loved forever 2", cassette.
- "Behind this smile", sur Windmill flexi 2, flexi, 1990, Windmill Records, Windmill 2.
- "For the love of Billy", sur "Positively teenage", cassette.
- "Roses", sur "Just another... compilation", Flippin Ace Recording Co.
- "The live and time...", sur "Instants of pleasure", cassette, Blam-A-Bit, BLAM 001.
- "This time baby", sur "Corrupt postman", cassette, Windmill Records.
- "Made of stone", sur "Bobby Stokes salutes the fall of Manchester", cassette, Ambition Records.
- "Close my eyes", sur "Big Muff", cassette, Big Muff fanzine.
 - "Buttercups and daisies", sur "Audacious", cassette, Lovely Records, LOCA 01.
- "Well what do you think of that then", sur "Are you ready", cassette, Windmill Records.
- "Kissamatic lovebubble", sur "And they call it pop", cassette, Fragrant.
- "Tell me know", sur Woosh flexi 2, flexi, 1988, Woosh Records, WOOSH 002.
- "Behind this smile", sur "Mind the Gap - The tape", cassette, 1990, Mind The Gap, MTG 2.
- "Ashlands Road", sur "The Waaaaah ! CD", CD, 1991, Bring-on-Bull Waaaaah, BULL 3-0.
- "Caroline" et "Close my eyes", sur "Waaaaah Single N°1", split 45 tours avec Kind et Dalek Beach Party, 1991, Bring-on-Bull Waaaaah, BULL 2-0.

jeudi 20 janvier 2011

The Cudgels - Joy bang !


La première fois que j'ai entendu The Cudgels j'en ai été tout retourné. Le morceau s'appelait "Big pink" et il figurait sur l'une de ces nombreuses compilations cassettes qui sortaient ou fleurissaient un peu partout au début des années 90. Ce qui m'a d'emblée frappé, c'était ce son unique, rêche, ce duo de voix masculin-féminin soutenu par des guitares tournoyantes qui vous emmènent haut, très haut. Le tout soutenu par une batterie et une basse métronomiques et un clavier ayant revêtu ses plus beaux atours 60's. Malgré une carrière "météoritique" (deux 45 tours, un flexi, une cassette, un album et quelques participations à des compilations), le groupe a pourtant laissé une empreinte importante dans le joyeux monde de l'indie-pop. Peut être parce que les frères Davies (ça ne s'invente pas...) - Andy et Stephen en l'occurrence et non Ray et Dave des Kinks - et leurs amis ont commis un sans faute. Peu de disques mais que du très bon donc, avec quelques hymnes même, comme l'indémodable "Joy bang !" ou le jubilatoire "5th Columnist".
Petit retour donc, sur l'histoire des Cudgels, avec le concours de Stephen (que je remercie au passage pour sa précieuse aide). "Tout a vraiment commencé à l'été 1986, m'a-t-il rappelé, Carlos Land, Andrew Davies, mon frère, et moi avons décidé de former un groupe. Nous étions inspirés par des groupes comme The Sea Urchins, Mighty Mighty, The Wedding Present, The Soup Dragons, Razorcuts, Shop Assistants." Andy compose les chansons, joue de la guitare et chante. Stephen joue de la basse. Quant à Carlos, il s'affaire sur une caisse claire et une grosse caisse qu'il a achetées d'occasion. "Tout ça était très basique et tout ce que nous voulions était faire quelques concerts près de chez nous, à l'époque Birmingham et pourquoi pas pousser jusqu'à Bristol ou Londres", ajoute Stephen. Assez rapidement, le groupe s'entiche de quelques fans, alors qu'il n'a enregistré que deux cassettes en répétition et fait autant de concerts à Dudley et Wednesbury. "Des concerts qui se sont bien passés, se souvient Stephen, nous avons ensuite demandé à une amie, Tracey Eastwood, de nous rejoindre au chant et au clavier. Nous avons alors enregistré notre première cassette démo." On est fin 1987 et le groupe commence à engranger les concerts et suscite l'intérêt des fanzines. "Des maisons de disques nous demandaient même des cassettes", abonde l'ancien Cudgel et, début 1988, le groupe est même sur le point de sortir un disque sur ce qui allait devenir le mythique Sarah Records. "Matt aimait beaucoup notre groupe mais comme le label venait juste de sortir ses premiers disques, il n'avait pas assez d'argent pour nous sortir quelque chose à ce moment-là." Manque de chance. Le temps passe et finalement The Cudgels ne sortiront rien sur Sarah Records. D'autres s'en chargeront. Tous, peut être moins prestigieux, mais aussi mythiques : Blam-A-Bit, Bring-on-Bull Waaaaah !, Rutland Records, Sunday Records et Lovely Records.
Quoi qu'il en soit, The Cudgels auront laissé de très bons souvenirs à tous les fans d'indie-pop. Quant à Stephen, il avoue que sa période préférée avec ce groupe a été celle des débuts, de 1986 à 1988 : "C'était très excitant même si nous étions un très petit groupe. Mais nous avions de vrais fans. Très fidèles." The Cudgels était l'un de ces groupes créés par des fans de musique, pour qui cette motivation est l'unique raison de faire de la musique. "On s'en foutait de faire carrière ou de l'argent, conclut Stephen, pour ma part, tout ce que je voulais, c'était faire un 45 tours puis splitter parce que c'était notre ambition au départ. Et puis finalement, nous avons fait beaucoup plus que tout ce que nous espérions." Ce que devrait être le postulat de départ de tout groupe, en somme.

Après s'être séparés, on a retrouvé quelques ex-Cudgels dans différents groupes comme Oporto, The Proctors et plus récemment The Winnebago Orchestra.

THE CUDGELS, ils en furent : Andrew P. Davies, voix et guitare, Stephen P. Davies, basse et batterie, Noel O'Donnell, basse, Carlos Land, batterie (1986-1987), Tracey Eastwood, voix et clavier (1987-1993), Marc Grove, batterie (1987-1988), Gavin Priest, guitare et voix, (1989-1992), Adrian "Josef" Jones, batterie (1989-1993).

A écouter
- "In the shadows", 45 tours, Blam-A-Bit, BLAM 013.
- "Coitus with The Cudgels", cassette, Rutland Records, RUTT 18.
- "Belly button sundae", flexi, 1991, Lovely Records, LOFA 05.
- "Joy bang !", 45 tours, 1991, Sunday Records, SUNDAY 008.
- "God's children", LP/CD, juillet 1992, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 9-0.


Sur quelques compilations
- "Summer colours", sur "The Waaaaah ! CD", CD, septembre 1991, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 3-0.
- "Big pink", sur "The jingle-jangle pop EP", flexi, Blam-A-Bit, BLAM 008.
- "Watermeadow dream", sur le "Waaaaah ! single n°2" (avec Kind, The Dufflecoats et The Cudgels), 45 tours, janvier 1992, Bring-on-Bull Waaaaah !, BULL 2710-32.
- "Motorbike", sur "Just another... compilation", cassette, Flippin Ace Recording Co.
- "Big pink", sur "Shiver me timbers", cassette, Rutland Records, RUTT 16.
- "What do I get", sur "Bobby Stokes salutes the fall of Manchester", cassette, Ambition Records.
- "5th Columnist", sur "Honey at the core", cassette, Red Roses For Me, RRT 02.

samedi 15 janvier 2011

The Wendy Darlings - Enormous pop


Dans son excellent fanzine "Suck my pop", Baptiste, le batteur du trio clermontois, le soulignait fort justement : "Pour un groupe, faire de l'indie pop en France revient à peu près à monter une équipe de bobsleigh en Jamaïque". De ce côté-ci de la Manche, il est en effet une réalité chagrinante : les groupes pop ne sont pas légion... Surtout ceux qui se réfèrent à des groupes impeccables tels Beat Happening, The Pastels, The Clean, 14 Iced Bears, The Vaselines, Television Personalities ou encore Tullycraft... Résolument dans cette veine, The Wendy Darlings fait donc exception par ici. Et quelle exception ! Notre véritable exception culturelle à nous. Alors on a envie de les voir sortir des disques, jouer en concert - lieu où ils excellent tant leurs prestations, souvent joyeusement bordéliques mais toujours fichtrement énergiques, sont jouissives - et d'en savoir un peu plus en leur proposant de se prêter au petit jeu du question-réponse. Ce qu'ils ont accepté pour mon plus grand plaisir.

Qui sont les Wendy Darlings ? Quand, où et comment le groupe s'est-il formé ?

Baptiste : Ayant tous fait nos études à Clermont, on se connaissait plus ou moins depuis longtemps. Mais on ne s’est vraiment fréquentés tous les trois qu’aux alentours de 2006. Je me souviens d’un moment fondateur : avec Sylvain on avait vu un concert totalement mythique de Jack Lewis. Après ça, on a décidé de faire une jam session informelle avec Sylvain et notre pote Saint-Augustine (célèbre musicien clermontois). Sachant ça, Suzy, qui était verte de ne pas être de la partie, a tout fait pour nous rejoindre en vue de former un vrai groupe ! On a tout de suite conçu les Wendy comme un défouloir d’après-boulot, sponsorisé par quelques bières !
Sylvain : On traînait toujours dans les mêmes endroits, parfois les mêmes fêtes etc… en se connaissant de vue. Je savais que Suzy et Baptiste avaient un groupe qui venait juste de splitter, du coup, moi qui avait toujours rêvé de me payer une basse, j’me disais que c’était le moment ou jamais de tenter de faire du bruit avec des gens qui avaient plus ou moins un background musical identique au mien.
Suzy : Oui, je me souviens bien de ce concert où je n’étais pas là ! Je fulminais à Maubeuge (où j’avais été mutée pour le boulot), et je rêvais de fonder un groupe ! Alors quand je suis revenue, je crois qu’on était bien remontés tous les trois pour s’y mettre...

Pourquoi avoir choisi de jouer en trio ?

Baptiste : En fait, on a commencé à jouer à trois dès le début et on s’est plu immédiatement dans cette formule qui pousse nécessairement à faire quelque chose d’énergique et direct, sans fioritures inutiles. La mode musicale de ces dernières années est au contraire à l’emphase  façon Arcade Fire. Pour moi la pop telle que je la conçois est l’exact opposé. Il s’agit d’être concis, direct, brut, voire basique et ne compter que sur une poignée d’accords simples pour se concentrer sur l’énergie et les mélodies, c’est à dire l’essentiel en fait. Pour moi, en musique "less is more". Etrangement, je pense que c’est céder à une sorte de facilité que de vouloir impressionner un auditoire avec des arrangements luxuriants. Quoi de plus difficile que de faire simple ! Certaines chansons du Velvet ou de Beat Happening sont basées sur deux accords et sont absolument inouïes. Avec les Wendy on a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à atteindre un millième de leur talent ! Mais c’est motivant !
Sylvain : La plupart de mes groupes préférés sont des trios (Screamfeeder, Violent Femmes…) et j’aime l’énergie brute qui s’en dégage. C’est aussi beaucoup plus souple et chacun reste dans son rôle avec zéro problème d’ego, tout le monde est indispensable. La création des morceaux est beaucoup plus instinctive, moins "écrite"… et il y a plus de bière pour chacun de nous.
Suzy : Pour être honnête, au début je pensais uniquement chanter, comme cela avait été le cas avec notre groupe d’avant... Mais une guitare manquait tout de même, et comme on ne trouvait pas de guitariste dans l’immédiat, j’ai fini par emmener ma guitare, même si j’avais un peu honte de mes trois accords mal plaqués... Étant tout sauf une manuelle, je crois que je pourrais bosser la gratte pendant 85 ans, je n’évoluerais toujours pas ! Mais voilà, au final je crois que c’est le genre de non-maîtrise qui permet aussi de se décomplexer et de se défouler (pour ma part en tout cas !), et de libérer aussi de la place pour la basse, qui est très importante dans notre son.

Vous venez de Clermont-Ferrand. Comment est la scène musicale
clermontoise ? Y a-t-il d'autres groupes indie-pop ?

Baptiste : Clermont-Ferrand possède une scène musicale très riche et très diversifiée (vous pouvez d’ailleurs découvrir les groupes de nos copains comme dans notre top ami myspace.) Il y a d’excellentes formations folk (il y a le label Kutu Folk, Niandra Lades), post-rock, rock and roll, pop (Kissinmas). Personnellement, j’adore des groupes comme Araban (surf rock) ou les Kokomo’s (rockab’ minimaliste) et les projets divers des anciens Las Vegas Dead Brides (héros garage/punk de la ville), la pop-folk de notre ami Zak Laughed. Mais au niveau indie-pop, il n’y a qu’un seul groupe qu’on pourrait ranger dans cette case, c’est les fabuleux Bolik, formation pop surréaliste et bringuebalante qui fait penser à Pavement qui se seraient associés à Pascal Comelade. J’attends toujours chacun de leurs concerts avec impatience ! Par ailleurs un des groupes les plus classe de la ville est La Position du Tireur Couché, qui font de la pop sixties en français de haute facture et en plus très drôle !
Sylvain : Récemment, ça bouge plutôt bien, et la pop-rock reprend le dessus après une longue domination ska et autres. Il y a de très bons groupes qu’on prend plaisir à voir encore et encore sans ennui. L’indie-pop n’est pas spécialement représentée même si certains groupes s’en rapprochent parfois.
Suzy : Pas grand-chose à rajouter, c’est vrai qu’on a de la chance à Clermont d’avoir pas mal de groupes classe dans des domaines différents, et comme ce n’est pas non plus une ville bien grande, on finit plus ou moins par tous se connaître, voire être amis ! Après, c’est sûr que l’indie-pop n’est pas très présente, mais il y a d’excellents groupes pop (et ! vous oubliez les Glums les amis !), folk, garage...
Baptiste : Evidemment les Glums qui font une pop-psyché Brianjonestonienne du meilleur goût !

Plus largement, vous sentez-vous proches d'autres groupes français ? Pensez-vous que la France est un bon endroit pour faire de la pop ?

Baptiste : Les groupes et le public pop en France sont assez rares. J’ai l’impression qu’il y a très peu de place pour l’indie-pop en particulier. En France, les gens semblent aimer la  musique très ambitieuse, portée sur l’émotion et la sensibilité, le sérieux. Je me dis parfois que les Français sont par essence un peuple ennuyeux et qui aime l’ennui et que tout est donc perdu pour l’indie-pop. Les Français semblent plus portés vers la pop "radio friendly" un peu putassière ou carrément le pur rock and roll (ça c’est plutôt cool par contre). Avec les Wendy Darlings notre côté garage est ce qui nous permet de ne pas susciter le désintérêt. La pure pop n’est guère révérée dans notre pays me semble-t-il. Sinon, il y a des gens en France pour qui j’ai une admiration sans bornes comme The Existentialists (de Toulouse), Anne Bacheley (de Poitiers), Doggy et les recrues d’Anorak Records (Limoges), Coming Soon à Annecy. Il y a aussi Anabel’s Poppy Day à Paris et j’en oublie...
Sylvain : Je pense qu’il y a de très nombreux groupes de pop en France mais les petits indés comme nous, viennent rarement poser leurs amplis par chez nous. Pour ma part (et j’en suis pas forcément fier) j’ai un peu ralenti la quête incessante de nouveaux groupes sinon, je n’ai pas vraiment le temps de les "creuser" un peu. Les groupes dont je me sens proches ne sont pas français pour la plupart ou sinon c’est juste des groupes dont je me sens proche plus par affinité que part ressemblance musicale.
Suzy : Il faut tout de même dire que lorsqu’on pose le pied en Angleterre, on se sent tout de suite en terre amie... et qu’en France, j’ai souvent l’impression qu’on passe pour des branques ! Il y a un truc bizarre en France, c’est comme si on avait honte parfois de sautiller sur des mélodies surentraînantes, comme s’il fallait forcément un truc lourd, ou triste, ou (chiant !) derrière, pour se donner une caution... Enfin bref, je rejoins tout à fait Baptiste sur sa vision noire des choses !

Votre musique semble être influencée par des groupes comme The Vaselines, les Pastels, Television Personalities... Sont-ce des influences revendiquées ? Qu'est ce qui vous influence en général ?

Baptiste : On a tous des influences diverses, ce qui rend intéressant le fait de jouer en groupe, mais on se retrouve sur un certains nombre de trucs commun : les Vaselines, les Violent Femmes, les Pixies, Sonic Youth, Pavement, l’antifolk, le punk. Avec Suzy, on est plus précisément sous perfusion de pop sixties(Beach Boys, Kinks, Velvet, etc.) et de pop anglaise des années 80 du genre Jesus and Mary Chain, les Primitives, 14 Iced Bears, Television Personalities, les Pastels, les Go-Betweens, Talulah Gosh ! Mais les amerlocs aussi nous influencent énormément. Je pense aux Ramones, à Beat Happening, à Henry’s Dress et à tout ce qui provient de chez Slumberland Records. Personnellement, j’adore la noisy pop en général et aussi le punk et le post-punk à la The Fall ou Wire. Je suis aussi fou des productions de chez Flying Nun comme The Clean, les Bats ou Garageland…
Sylvain : C’est un peu pareil. On a traversé les 90’s plus ou moins de la même façon. Mais, moi, je serais plus la conscience mauvais goût du groupe, pas toujours très pop stricto sensu : j’aime bien des trucs comme G.Love, Jamie T., Neutral Milk Hotel, Refused, The Streets... Je me suis trouvé aussi une passion immodérée pour la scène australienne : méconnue mais assez incroyable (The Whats, I Heart Hiroshima, Soft Tigers...). Difficile de séparer ce que j’aime de ce qui m’influence...
Suzy : J’adore Sylvain, "je serais plus la conscience mauvais goût du groupe" Ha ! Ha ! Sinon oui, c’est vrai qu’on a tous des influences plutôt différentes, et je pense que c’est vraiment ce qui définit notre style au final, puisque chacun apporte son zeste pour la composition. Il m’arrive parfois de me dire : "Ah ! Si on avait tous mes goûts, on pourrait faire ci ou ça !" Mais au final, je pense que ce serait un peu chiant et qu’on finirait par tourner en rond. On se retrouve à faire des plans auxquels je n’aurais pas pensé par exemple, et c’est ce qui pousse vers l’avant et donne envie de jouer ! Sinon mes influences, effectivement, sont très très 50's et 60's à la base (Buddy Holly, les Kinks, les Beach Boys, les girls’ bands des 60's, etc), et beaucoup les Vaselines, les Pastels et les Mary Chain, les Go-Betweens, les Primitives, et puis... les livres, les films, les séries ! 

Pour vous, la meilleure chanson pop de l'univers c'est...

Baptiste : C’est une question horrible. Entre les hits des Beach Boys, de Jesus and Mary Chain, des Ramones ou de 14 Iced Bears, ou encore les tubes des différents girls bands sixties, il y a plein de chansons qui me viennent à l’esprit! Mais je dirais que pour moi, "Hey Allison" de Henry’s Dress  est une des chansons pop parfaites à tout point de vue.
Sylvain : Arf... Pas facile. Si je m’en réfère aux chansons que j’ai usées jusqu’à la corde, il y a "Darts" de Screamfeeder ou encore "Dream All Day" des Posies et des bien d’autres.
Suzy : Je suis in-ca-pable de donner un top 10 de quoi que ce soit, alors une seule... ! Hmm... Aujourd’hui, je dirais peut-être "Spring Rain" des Go-Betweens, "Rave On" de Buddy Holly, "Sugar Town" de Nancy Sinatra, "Nothing to be done" des Pastels ou "Hallelujah I love her so" de Fats Domino, mais demain je relirai ça en me disant "pff, n’importe quoi, c’est pas ça, c’est..." (et bien sûr, je n’ai pas réussi à m’en tenir à une seule !).

Vos concerts sont intenses et énergiques. Accordez-vous une grande importance à la scène ?

Baptiste : Pour nous faire des concerts est un vrai bonheur et un défouloir ! Plus ça va plus on adore ça ! En plus, nous sommes maintenant plus à l’aise sur scène et nous sommes prêts à jouer partout où on voudra de nous (bon peut-être pas dans une concentration de bikers ou dans une fête de la saucisse à Vierzon... y’a des limites quand même).
Sylvain : Bon, pour ma part, c’est un peu le but. Faire des chansons, c’est bien mais si c’est pour les jouer dans sa chambre, non. J’estime que jouer sur scène est une chance et j’essaie d’en tirer le maximum de fun même si les conditions peuvent être merdiques et le public juste pas là.
Suzy : Je me dis vraiment qu’on a une chance incroyable de jouer dans un groupe ensemble et de faire des chansons que je trouve enthousiasmantes (pour la plupart, car les autres savent que je me lasse vite et que j’ai rapidement envie de les coller dans un coin pour les oublier), alors jouer, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! On a envie que le public auquel on les joue ressente la même émotion, mais bien sûr ce n’est pas toujours le cas...

Vous avez joué en Angleterre. Comment s'est passée cette expérience ?

Baptiste : Quand nous avons joué à Londres et à Bristol, on s’est cru dans un rêve fabuleux. C’était de la science-fiction. Etre invités à jouer en Angleterre par des gens et avec des groupes en osmose musicale avec nous c’était merveilleux. En plus, être un groupe français et se produire dans le sanctuaire de l’indie-pop (Bristol est quand même le fief de Sarah Records !) est très flatteur. Là-bas j’ai eu l’impression de me sentir pousser des ailes en jouant, même si le trac était maximal ! En France, il n’y a vraiment qu’à Limoges lors de notre concert avec Doggy que nous avons senti une vraie atmosphère indie-pop comme en Angleterre.
Suzy : Vraiment, jouer là-bas est absolument génial, en plus on commence à tisser de vrais liens avec les gens qui organisent des concerts et qui jouent là-bas, et ce sont parmi les plus belles expériences de ma vie.

Quel est le meilleur compliment que vous ayez lu ou entendu à votre sujet ?

Baptiste : Vous ne jouez pas droit.
Sylvain : A chaque fois qu’on nous dit qu’on à l’air de prendre du plaisir quand on joue. J’aime quand les gens viennent dire à Suzy qu’elle a la classe (vestimentaire ou guitaristique).
Suzy : Quand on nous dit, une semaine plus tard, que la mélodie d’un de nos morceaux leur reste toujours dans la tête ! Aussi, quand on nous compare aux Vaselines ou aux Pastels, ou qu’on nous dit qu’il y a des trucs qui sonnent 60's ! 

Et la pire critique ?

Baptiste : Ça manque de basse (boutade à l’égard de Doc Poppy).
Sylvain : "Y a trop de basse".
Suzy : Une fois, alors qu’on finissait tout juste de jouer (on était encore sur scène, c’est dire !), une nana me tire par le bras pour me dire que j’avais une voix intéressante qui lui rappelait Nina Hagen, mais que je devrais prendre des cours de chant pour perfectionner ça... J’ai été intensément vexée pendant quelques mois (je le suis encore aujourd’hui !).

Baptiste, parle nous de ton fanzine "Suck my pop". Pourquoi avoir sorti un fanzine en vrai papier, à l'ancienne, à l'heure où tout le monde écrit son blog ? Que trouve-t-on dans ton fanzine et quels sont les groupes que tu as envie de mettre en avant ? Peut-on espérer une suite à ce premier numéro ?

Baptiste : L’idée de "Suckmypop" m’est venue après la découverte d’Anorak City ! Je me suis dit qu’il était indispensable de garder allumée la flamme de l’indie-pop. En plus j’avais le sentiment que la France et Clermont-Ferrand étaient désertiques sur ce plan. Je me suis dit qu’il fallait défendre tous ces merveilleux groupes indie trop injustement méconnus et qui méritent d’être découverts. Que pourrait-on attendre des radios et de la presse musicale françaises, inféodées au mercantilisme, au marketing dégueulasse, à la hype ? Par ailleurs j’ai choisi le format papier car je n’aime pas beaucoup m’abîmer les yeux à lire des blogs, je trouve ça pénible. Alors qu’on peut toujours avoir son fanzine sous la main et l’ouvrir de temps en temps. Ça a tellement plus de charme ! En plus j’ai joint une compilation 14 titres au fanzine ce qui permet d’écouter directement les groupes qu’on écoute. "SMP" cherche à promouvoir la pop sous toutes ces formes pourvue qu’elle soit authentique ! On aime les mélodies simples et catchy, la reverb, la saturation, les filles qui chantent, les dissonances, l’esprit punk, plein de choses diverses mais qui se rejoignent dans un même esprit qu’on appelle "indie" ! J’ai déjà des idées de groupes à interviewer pur le numéro 2 ! J’ai hâte de m’y mettre même si ça demande beaucoup de travail.
 
Quels sont vos projets et souhaits pour le futur des Wendy Darlings ? Des disques ? Des concerts ?


Baptiste : Tout de suite, j’ai une envie incroyable de faire de nouvelles chansons, d’essayer des trucs en répète, de m’éclater à jammer avec Sylvain et Suzy ! Et j’ai hâte de retourner au Royaume-Uni ! Je veux aussi vraiment assister à la "pop and merguez party" d’Anorak (même si je suis végétarien !) (remise à jour : c’est chose faite, et quel festival !).
Sylvain : Pas mieux nouvelles chansons et des concerts, des concerts, des concerts.
Suzy : On va ressortir un 45 tours chez Marineville, retourner en Angleterre en mai et, j’espère, jouer à pop and Merguez en juillet ! Aussi, on a postulé pour jouer à Indietracks, ce serait absolument fabuleux (et un vrai rêve !).

vendredi 14 janvier 2011

Fat Tulips - Don't stop indie pop !


"Nothing can stop indie pop", "Please play that fuzzy guitar pop baby", "Don't stop indie pop", "Dig those fuzzy sounds" aimaient à clamer haut et fort les membres des Fat Tulips à la fin des années 80 et au début des années 90. Avec une telle motivation, rien ne semblait pouvoir les arrêter. A part eux-mêmes. Ce fut le cas au terme d'une histoire - trop - courte mais qui a fait vibrer plus d'un pop-kid. A chaque annonce de la sortie d'un nouveau disque (la plupart d'entre eux des 45 tours et des flexis puisque le groupe n'a fait qu'un album), on retenait notre souffle et on guettait le facteur qui allait amener le précieux paquet contenant le vinyle magique dans la boîte aux lettres. C'était autant attendu que la nouvelle sortie d'un 45 tours chez Sarah Records, la dernière trouvaille australienne de Summershine ou encore la signature de parfaits inconnus chez Marsh-Marigold Records. Allait-il être aussi bon que le précédent ? Les quatre de Nottingham continueraient-ils à nous distiller ces petits condensés d'indie-pop (2 mn-2mn30, formule "couple-refrain-couplet-refrain" parfois relevé d'un pont) ? Au final, on n'était jamais déçu. Parce que les Fat Tulips ne trichaient pas. Depuis le début jusqu'à la fin...
Le début, c'est en 1987. A Peterborough, Mark, à la guitare, et Sarah, au chant, forment les Fat Tulips et enregistrent leur première démo, "You opened up my eyes". Sarah ne fait qu'un passage éclair au sein du groupe. L'aventure se poursuit néanmoins. A Nottingham. Où Mark, toujours à la guitare, recrute Matt, à la batterie, Sheggi, d'abord à la guitare, Paul, à la basse, et Katie, au chant. C'est dans cette formation à cinq que les "Tulips" sortent leur premier 45 tours, sur le label de Matt (Heaven Records), le mythique "Where's Clare Grogan now ?", faisant référence à la chanteuse du groupe écossais devenu culte, Altered Images. Katie quitte le groupe qui restera jusqu'à la fin composé de Sheggi, Mark, Matt et Paul. Sheggi ne reste plus cachée en arrière-plan derrière sa guitare. Elle chante, donnant avec sa voix si particulière, presque enfantine, cette tonalité et cette âme qui font que les Fat Tulips ne ressemblent à aucun autre groupe. En quelques années, les concerts fougueux, les participations à de multiples compilations (dont sur la toute première sortie d'un label de Limoges... Anorak Records, la cassette "Teeny poppers") et à des split-flexis se succèdent à un rythme tout aussi effréné que leurs beats et leurs lignes de guitares. Les 45 tours, "Four songs for Simon", "Ferensway" (sur Heaven Records), "The Tulips explodes" (sur Rollercoaster Records), "Take me back to heaven" et "Albie" (sur Sunday Records) s'enchaînent également comme des perles. Avec, à chaque fois, un savant alliage de morceaux fuzzy déjantés et de subtiles ballades mélancoliques. Puis, les Fat Tulips signent sur Vinyl Japan qui sort coup sur coup un maxi 45 tours, deux 45 tours et ce qui restera comme l'un des meilleurs albums de la décennie 90 : "Starfish". En sept ans, de 1987 à 1994, le groupe a publié douze EP's ou flexis, un LP, et pris part à une foultitude de compilations tant sur cassettes que flexis ou CD. C'est juste après cet album "testament" qu'ils se séparent, la satisfaction du devoir accompli. Et, près de deux décennies plus tard, on se souvient encore de ces pochettes faussement naïves, des soirées à les écouter et à finir hilares en tas les uns sur les autres après avoir pogoté sur le survolté "Nostalgia" ou à reprendre en chœur "Dance to the sun" ou "So unbelievable", de leurs interviewes délirantes et de leur dérision permanente. On se rappelle même que pour certains c'était "le plus grand groupe de tous les temps"...
Et on se dit que c'était bien.

A écouter
- "Early years", 45 tours, Sunday Records, 1987.
- "Sweet William", flexi, 1989.
- "Where's Clare Grogan now ?", 45 tours, Heaven Records, 1989.
- "Four songs for Simon", 45 tours, Heaven Records, 1990.
- "Ferensway", 45 tours, Heaven Records, 1991.
- "The Tulip explodes", 45 tours, Rollercoaster Records, 1991.
- "Take me back to heaven", 45 tours, Sunday Records, 1991.
- "The way things are", flexi vendu avec le fanzine espagnol "Stamp", 1991.
- "Nostalgia", maxi 45 tours/CD, Vinyl Japan, 1992.
- "Albie", 45 tours, Sunday Records, 1992.
- "Heaven flexi", flexi, Heaven Records, 1992.
- "New spring rites for Sarah", 45 tours, Vinyl Japan, 1994.
- "Driving me wild", 45 tours, Vinyl Japan, 1994.
- "Sarah/Driving me wild", CD EP, Vinyl Japan, 1994.
- "Starfish", LP/CD, Vinyl Japan, 1994.


Quelques compilations
- "El Dorado", LP, 1990.
- "4 Bands 4 Songs", flexi, 1990.
- "Amelia", flexi, Spindly Killer Fish Records, 1990.
- "As long as you need me", cassette, Mind The Gap, 1990.
- "A girl called suicide", flexi, 1990.
- "The Waaaaah !" CD, Bring-on-Bull Records, 1991.
- "Don't tell me", compilation "Turquoise Days".
- "Embers", compilation "St. Johnstoun v. rest of the world".
- "Independance day", compilation "Corrupt postman", Windmill.
- "Where's Clare Grogan ?", version démo, compilation "Audacious", Lovely Records.
- "As long as you need me", compilation "You can't be loved forever".
- "All that matters", compilation "Positively teenage".
- "As long as you need me", compilation "Just another... compilation", Flippin' Ace Recording Co.
- "Fallen child of the seventies", compilation "Everlasting happiness".
- "Passionnate friend (live)", compilation "Teeny poppers", cassette, Anorak Records.

mercredi 12 janvier 2011

The Haywains - Doing it for fun


Il y a dix-huit ans, lorsque le premier numéro de mon fanzine Anorak City voyait le jour, j'avais eu envie d'interviewer The Haywains. Dix-huit ans après, alors qu'il n'existe malheureusement plus, c'est toujours la même envie qui me pousse à évoquer ce groupe qui aura accompagné depuis toutes ces années bon nombre de mes soirées - et parfois des nuits -, certains réveils (vous savez, quand on a besoin d'un bon coup de starter), mes vacances (rien de tel l'été pour aller à la mer... ou n'importe où ailleurs). Car qui peut mieux caractériser l'esprit indie-pop que les Haywains ?  Les Fat Tulips ? Strawberry Story ? J'y reviendrai. Des guitares toujours fuzzy mais jamais inutilement noisy, des morceaux sculptés autour de quatre accords en n'oubliant jamais les nécessaires refrains accrocheurs, un design influencé 50's toujours impeccable, des concerts endiablés où le plus réfractaire des musicophobes n'aurait pas pu s'empêcher de taper du pied, The Haywains c'était tout ça et beaucoup plus même. Aujourd'hui, ils sont au même titre que les Brilliant Corners, les Housemartins ou Heavenly, entrés dans la légende, que dis-je, le Panthéon de l'indie-pop au terme d'une histoire, hélas !, aussi courte que leurs morceaux toujours calibrés au bon format.
Les débuts de ce groupe anglais originaire de la campagne environnante de Bath et de Bristol - de Midsomer Norton pour être précis - remontent au printemps 1988. Six ados s'ennuient. Fans de musique 60's, des Undertones, des Wedding Present, d'Orange Juice, des Brilliant Corners, des Smiths et du Monochrome Set, ils décident de fonder un groupe. The Haywains sont nés. Tout va ensuite très vite. Le premier concert, où, ivres, ils font un peu n'importe quoi, leur servira de leçon !? Ils enregistrent, très vite aussi, leurs premiers morceaux - toujours en 1988 le label Woosh leur sort un flexi, "The surfin' trowbridge" - et créent - comme le veut l'adage, on n'est jamais mieux servi que par soi-même - leur propre label, Emily's Shop Records. Tout juste un an après leur formation, en août 1989, ils sortent leur premier single qui est désormais un classique du genre : "Fisherman's friend". Même si la vague 1986 est passée, que les Haywains se risquent à aller à contre-courant et que désormais le monde vibre sur les sonorités "Madchester", le 45 tours reçoit, grâce à sa fraîcheur, un accueil favorable tant en Angleterre qu'à l'étranger. Suit toute une ribambelle de 45 tours, de flexis, de participations à des compilations sur des petits labels en Europe et aux Etats-Unis. En 1991, c'est sur leur propre structure et avec leurs propres deniers qu'ils éditent leur premier LP, un disque que, vingt ans après, on prend toujours autant de plaisir à écouter, "Never mind Manchester, here's... The Haywains", le bien nommé ! L'année suivante, ils signent sur Vinyl Japan. Le single "Rosanna" précède leur second album, "Desperately seeking something", publié en 1994. Autant de disques qui feront d'eux l'un des groupes les plus incontournables et les plus appréciés de la scène indie-pop des années 90. En 1995, sort sur le label espagnol Elefant Records leur dernier single, "Why do I get the feeling your mother hates me ?", qui, à lui seul, par sa pochette toujours très empreinte de l'imagerie des années 50, son titre ironique et ses mélodies toujours urgentes mais jamais bâclées, symbolise leur esprit.
Pour ceux qui auraient raté le début, une compilation, "Get happy with The Haywains", regroupe leurs 45 tours et flexis aujourd'hui quasiment impossibles à dénicher. C'est en août 1996 qu'ils annoncent leur concert d'adieu. Celui-ci a lieu chez eux, presque à la "maison", puisqu'il se déroule à Midsomer Norton au même endroit où ils avaient fait leurs premiers pas sur scène pile-poil sept ans auparavant. Le dernier ? Pas vraiment. Un autre concert, en février 2001, permet au groupe de se retrouver. Leur fraîcheur est intacte. La pop, ils savent toujours en jouer et la flamme est toujours bien présente. Cette flamme qui donne envie de perpétuer leur esprit : "Doing it for fun".

THE HAYWAINS
Les principaux "acteurs" : Jeremy Hunt (chant), Rachel Jones (chant), Paul Towler (guitare), Dave Yelling (basse), Marc Bendell (batterie).
Les "intermittents" : Richard (guitare), Benny (guitare), Lee (chant), Katie (chant), P.S. (basse), Boyd (basse), Jim (basse), Nyez (batterie) et Pete (batterie).

A écouter sur des compilations
- "Stand with you", compilation cassette "Turquoise days", 1988.
- "Fisherman's friend", compilation cassette "Now that's righteous"", 1988.
- "Shine", compilation cassette "Corrupt postman", 1988.
- "Forget me not", flexi, Windmill, 1989.
- "Kill karaoke" et "Dusty Springfield", compilation CD "Waaaaah !", Bring-on-Bull, 1991.
- "Rosanna", compilation CD "What do you want a Japanese to do ?", Vinyl Japan, 1992.
- "Emily's shop", compilation CD "What do you want a Japanese to do again ?", Vinyl Japan, 1993.
- "I have a confidence", compilation LP/CD anti-fasciste et anti-raciste "The sound of music", Bring-on-Bull, 1993.
- "Just the job", compilation "Our floating images of youth", Vinyl Japan, 2000.

A voir
- "Bye bye boyfriend", compilation vidéo "Munch Part 1", Season Records, 1993.

A écouter
- "The surfin' trowbridge", flexi 2 titres, Woosh, 1988.
- "Fisherman's friend", 45 tours 4 titres, Emily's Shop, 1989.
- "The freshen up EP", 45 tours 3 titres, Blam-a-Bit, 1990.
- "Never mind Manchester, here's... The Haywains", LP 14 titres, Emily's Shop, 1991 ; ré-édition CD 15 titres, Vinyl Japan, 1993.
- "Snuggle up warm with The Haywains", 45 tours 2 titres, Four Letter Words, 1991.
- "Rosanna", maxi 45 tours 4 titres, Vinyl Japan, 1992.
- "Get happy with The Haywains", compilation CD 19 titres, Vinyl Japan, 1993.
- "Desperately seeking something", LP/CD 14 titres, Vinyl Japan, 1994.
- "Why do I get the feeling your mother hates me ?", 45 tours 4 titres, Elefant Records, 1995.
- "Get happy with The Haywains", cassette démo 8 titres, 1988.
- "In bed with The Haywains", cassette live 10 titres, Elefant Records, 1991.
- "No sleep 'til membury", cassette live, 1992.
- "More songs about radstocks and girls", CDR live, 2001 (22 copies !!!).

lundi 10 janvier 2011

East Village - A contre-courant



East Village fut sans doute l'un groupes les plus sous estimés de la fin des années 80 et du début des années 90. Sous estimé parce qu'il n'aura jamais eu l'attention qu'il méritait, sous estimé parce qu'il n'a peut être pas été là au bon endroit et au bon moment. Mais remontons d'abord le fil du temps jusqu'en 1983. Dans un garage de Londres, quelques copains fondent Episode 4. Quelques concerts, quelques reprises (de groupes comme ? And The Mysterians, The Eyes, The Action), pendant plusieurs mois la formation tâtonne, se cherche... Le line up se stabilise en 1985 avec Paul Kelly à la guitare et au chant, John Wood à la guitare et au chant itou, Martin Kelly à la basse et au chant et Spencer Smith à la batterie. Il enregistre en une journée, pour 78 livres sterling, un disque, "Strike up matches", qui sort l'année suivante sur Lenin and Mac Carthy Records, le label de Maurice Percival. Malheureusement, l'opus est aujourd'hui quasiment introuvable, les 500 copies pressées à l'origine ayant été presque toutes détruites dans l'inondation du QG de Percival... Ce sera l'unique et dernier disque d'Episode 4.
Après quelques concerts avec les Bodines et Mac Carthy, au cours desquels les frères Kelly et leurs comparses sont repérés par Jeff Barrett, le groupe change de nom et rejoint le label de ce dernier, Sub Aqua. East Village est né. Malheureusement encore, pas au bon moment. La fièvre C-86 est retombée et, en cette fin des années 80, la masse du public a déserté les belles harmonies à la Byrds pour les rivages extatiques des ambiances acid-house, l'élégance des boots et des sta-prest pour le vide démesuré des baggy trousers, l'intelligence poétique pour les profondeurs abyssales de la pensée sous pilules. A contre-courant, East Village préférait voguer sur les flots des guitares cristallines de leurs pères (Bob Dylan, The Beatles) et de leurs pairs (The Bodines, The Desert Wolves, The House of Love, Mac Carthy...). C'est d'ailleurs avec ces deux derniers qu'ils ont effectué quelques tournées et concerts à la fin des 80's. A l'époque, ils sortent aussi leurs premiers singles sur Sub Aqua, "Cuban in the Bluefields" et "Back between places", tous deux parus en 1988. L'année suivante, c'est sur Caff Corporation que sort un split-flexi (avec Cathal Coughlan, ex-Microdisney, ex-Fatima Mansions). Il faut ensuite attendre deux ans, en 1991, pour voir et écouter ce qui restera comme leur plus beau simple, le EP "Circles", avec le génial "Here it comes". Le disque sort sur Heavenly Recordings, le label de Bob Stanley, et démontre toute la capacité et l'habileté du groupe à composer des chansons intemporelles. Guitares Rickenbacker en avant et hypnotiques, voix douces et mélancoliques, le genre de chansons que vous vous surprenez à fredonner, des années après, tant elles procurent instantanément le même plaisir qu'à la première écoute. La même année, sort aussi le génial "Vibrato" sur le fantastique label australien Summershine Records (The Sugargliders, The Earthmen, The Carousel, Velocity Girl, Velvet Crush, Ripe, The Tender Engines, The Springfields, The Rainyard, Honeybunch, Blindside, Saturn V, Autohaze, Beatnik Filmstars...). Le groupe joue enfin un dernier concert, à guichets fermés, au New Cross Venue, à Londres, et en profite pour annoncer son split sur scène. Un dernier geste de classe qui ponctue une carrière courte mais impeccable dont en témoignent deux albums : le premier, "Drop out", paru à titre posthume sur Heavenly Recordings en 1993, le second, "Hot Rod Hotel", collectant leurs premiers singles, sur Summershine Records en 1994.
Paul Kelly a ensuite formé Birdie, avec Deborah Wykes, membre du groupe Dolly Mixture, que l'on avait aussi entendu pousser la chansonnette avec Saint Etienne (sur "Who do you think you are") et sur le magnifique morceau qui clôture "Drop out" : "Everybody knows".

A écouter
EPISODE FOUR
- "Strike up matches", maxi 45 tours, 1987, Lenin and Mac Carthy Records, LENM 001T.
EAST VILLAGE
- "Cuban in the Bluefields", 45 tours et maxi 45 tours, 1988, Sub Aqua Records, AQUA 2.
- "Back between places", maxi 45 tours, 1988, Sub Aqua Records, AQUA 4.
- Caff flexi (morceau "Freeze out", version différente de celle de l'album), flexi, 1989, Caff Corporation, CAFF0001.
- "Circles", maxi 45 tours, 1991, Heavenly Recordings, HVN 006.
- "Vibrato", 45 tours, 1991, Summershine Records, SHINE 014.
- "Drop out", LP et CD, 1993, Heavenly Recordings, HVN LP 03, ré-édition sur Summershine Records, SHINELP009, et Excellent Records, EXPL001, 2002.
- "Silver train", 45 tours, CDEP, 1993, Summershine Records, SHINE037.
- "Hot Rod Hotel", CD, 1994, Summershine Records, SHINELP006.
- "Black autumn", 45 tours, 2003, Excellent Records, EXSE001.
BIRDIE
- "Spiral staircase", 45 tours, 1997, SHINE US 18.

Sur des compilations
- "Violin" sur Tomorrow's Hits Today, CD, 1994, Summershine US, SHINE US 3.
- "Strike up matches" d'Episode 4 sur The Sound Of Lemington Spa Vol. 1, CD, 2000, Tweenet Communications, TWEE 5.
- "Shine on me" et "Quiet storm" (chanson en solo de John Wood) sur Pop Renaissance, coffret 3 CD's, 2004, Excellent Records, EXCD014.
- "Vibrato" sur CD-86, CD, 23 octobre 2006, Castle Music, CMEDD1420.

dimanche 9 janvier 2011

Northern Portrait - Danemark 4 - Reste du monde 0


Ils sont quatre : Stefan, Caspar, Jesper et Michael. Ils viennent de la jolie ville de Copenhague, au Danemark, et en ont laissé pantois plus d'un avec la sortie successive de deux EP's, d'un album et d'un 45 tours sur Matinée Recordings. On aura entendu, ça et là, des mauvaises langues (il s'en trouve toujours) dire que Northern Portrait n'avait rien d'original et lorgnait un peu trop sur un groupe mancunien des années 80... Pourtant. Ce quatuor est bien plus que ça. Sa raison d'être affichée est de produire une musique pop sophistiquée. Ce que ces quatre garçons arrivent sans peine à faire en ne se souciant pas du qu'en-dira-t-on. Il suffit pour s'en persuader de les voir un jour sur scène. Le 3 juillet 2010, lors du second Limoges Popfest "Pop & Merguez", j'ai pris une claque monumentale à l'occasion d'un de leurs concerts mémorables. Vous savez, ce genre de concert où un grand frisson vous parcourt l'échine, où vous avez la chair de poule pendant une bonne partie du set, où vous avez le souffle coupé par ce que vous voyez et entendez, où vos guiboles et le reste de vos membres ne peuvent se retenir de bouger dans tous les sens. Une prestation qui les a propulsés immédiatement dans les cinq meilleurs concerts de ma vie. Epoustouflant.
Depuis, leurs disques tournent en boucle par ici. Et, je le sais, chez beaucoup d'autres aussi.
Northern Portrait, c'est donc bien plus qu'une pâle copie de groupes qui rendent nostalgiques d'une belle époque passée. Naguère, c'était hier. C'est peut être même le groupe de ce début de siècle... A mon humble avis, avec leurs guitares élégantes, la voix magique de Stefan, des chansons qui vous transportent loin, loin, loin, ils ont le potentiel pour inonder le monde de leur pop intelligente et racée.
C'est donc avec une joie non dissimulée et un immense plaisir que voici une ribambelle de questions auxquelles Stefan Larsen a bien voulu répondre (il y a de cela plusieurs mois pour une interview qui s'était "perdue" et que voici enfin !).

- Qui joue dans Northern Portrait et depuis quand le groupe existe-t-il ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Northern Portrait, c'est Caspar Bock Sørensen à la basse, Jesper Bonde à la guitare, Michael Sørensen à la batterie et Stefan Larsen au chant et à la guitare. Le groupe s'est formé en juillet 2007 parce que l'on pensait que ça en valait la peine d'enregistrer quelques chansons. J'avais déjà joué avec Michael dans plusieurs groupes il y a de cela des années. J'ai rencontré Jesper par l'intermédiaire de Michael et cela fait déjà quelques années que je connaissais Caspar aussi. Et en ce qui nous concerne tous, je pense qu'il serait assez juste de dire que nous sommes tous de grands amateurs de vin.

- Qui écrit les chansons dans le groupe ? Y a-t-il des sujets de prédilection et comment composez-vous ?

Jusqu'à présent, j'ai écrit la plupart des chansons. Mais Michael a également apporté sa contribution en composant quelques très belles mélodies. Caspar fait aussi partie d'un autre groupe, Champagne Riot, où il est le principal auteur et compositeur mais je suis sûr qu'il écrira des chansons pour Northern Portrait dans le futur lui aussi. J'écris toutes les paroles et je crois que la plupart d'entre elles sont le fruit d'idées qui me viennent quand je me promène en vélo dans Copenhague. Elles sont probablement inspirées par les choses que je fais au quotidien et à ce que je pense. Certaines d'entre elles sont légèrement fantaisistes et s'évadent de la réalité. En fait, ma façon d'écrire pour Northern Portrait est très intuitive. Je veux dire par là que je n'ai pas souvent une version complète de la chanson écrite au moment d'appuyer sur le bouton "on" de l'enregistrement. Les choses se développent ensuite pendant le processus d'enregistrement. C'est la grande différence entre la manière dont j'écrivais auparavant et ma façon d'écrire pour Northern Portrait. Par le passé, j'écrivais des chansons complètes. Mais le fait d'avoir à la maison mon propre matériel pour enregistrer a changé ma façon de faire. Je suis peut être devenu de fait un auteur plus "lâche".

- Comment s'est faite la rencontre avec Jimmy Tassos du label Matinée ? Est-ce le label idéal pour vous ?

Le groupe existait depuis seulement quatre ou cinq semaines et nous avions enregistré trois chansons. La première, c'était "Crazy" suivie de "I Give You Two Seconds To Entertain Me" et "What Happens Next". C'est à ce moment Matinée Recordings nous a contactés. Quelques labels avaient aussi montré un peu d'intérêt mais, par chance, Matinée était prêt à nous signer immédiatement. Alors oui, je pense que Matinée est le label parfait pour nous. Jimmy est quelqu'un d'incroyablement sympa. Il est vraiment cool et tout ce qui nous arrive, le fait que beaucoup de gens nous apprécient, c'est grâce à lui. Il est génial ! Donc, comme tu peux le constater, tout est allé très vite pour nous.

- Es-tu satisfait de vos premiers disques ? Quelle est ta chanson préférée de Northern Portrait ? Peut-on espérer d'autres disques bientôt ? Toujours sur Matinée Recordings ?


La sortie de notre premier EP, "The Fallen Aristrocracy", fut un moment agréable, et je pense que j'aime toujours les chansons qui y figurent, mais il y en a deux pour lesquelles la qualité de l'enregistrement aurait pu être meilleure. Il y a bien sûr le charme de l'imperfection mais je crois qu'elles seraient légèrement différentes si nous les enregistrions aujourd'hui. Selon moi, le second EP, "Napoleon Sweetheart" est bien meilleur. Le son est meilleur car nous avions alors plus d'expérience pour ce qui est des sessions d'enregistrement. Je suis donc toujours très satisfait du résultat. En décembre 2009, nous avons finalement sorti notre premier album, "Criminal Art Lovers", qui, je pense, marque une nouvelle étape à la hausse dans la production. C'est aussi plus "sage", plus réfléchi. Il nous a fallu beaucoup de temps pour le finir mais je suis très heureux du résultat aussi. Bien sûr, il y a des petites choses qui auraient pu être améliorées, mais, au final, j'en suis assez fier. Pour ce qui est de mes chansons préférées, je crois que "That's When My Headaches Begin", "Life Returns To Normal" et "The Münchhausen In Me" sont mes favorites. Mais évidemment ça change tout le temps. Je crois que "Sporting a Scar" et "I Give You Two Seconds To Entertain Me", sur le "Napoleon Sweetheart EP" sont aussi de belles chansons. La prochaine sortie sera un 45 tours en édition limitée avec "Life Returns To Normal" et "Some People" (sorti depuis cet entretien, NDLA). Il sera accompagné d'une vidéo et devrait sortir en même temps que la version vinyle de "Criminal Art Lovers". La sortie suivante, avec uniquement de nouvelles chansons, devrait être un autre 45 tours qui s'appellera "Pretty Decent Swimmers". Ensuite, nous avons aussi en projet un autre EP. Cette fois, il devrait comporter cinq chansons. Et tout cela sortira sur Matinée bien sûr !

- Quel a été le meilleur compliment que tu aies lu ou entendu au sujet de Northern Portrait ? Et la chose la plus désagréable au sujet du groupe ?

Le meilleur compliment... Ce doit être "Northern Portrait, vous me bouleversez le cœur". J'étais heureux que ce ne soit pas "Vous me faites mal à la tête". Je n'arrive pas à me souvenir de choses désagréables mais je suppose que certaines personnes à l'esprit étroit, avec des références limitées en matière de musique, disent que nous sommes une arnaque qui ressemble aux Smiths. Je voudrais juste leur demander s'ils ont déjà entendu parler et écouté les Trashcan Sinatras, les Sundays, les Housemartins et d'autres encore... Nous avons bien sûr été influencés par un grand nombre de groupes différents, et les Smiths en font évidemment partie, mais ce n'est pas le seul groupe.

- Justement, qu'est ce qui vous influence ? Quels sont vos groupes ou artistes favoris ?

J'ai fait des études de cinéma à l'Université de Copenhague et je crois que les films sont ma principale source d'influences. Et puis il y a les groupes que je viens de mentionner et quelques autres comme Chris Isaak, A-Ha, The Siddeleys, Lightning Seeds, Echo and The Bunnymen, Frank Sinatra, les Beatles, Pulp et beaucoup d'autres.

- Quelle chanson du passé aurais-tu aimé écrire et pourquoi ?

Il y a beaucoup de chansons que j'aurais aimé écrire. Il y a des chefs d'oeuvre éternels comme "Wicked Game", "You Make Me Feel So Young", "Surrender", "Bring On The Dancing Horses", "Marvellous", "In Dreams", "Happy Hour", toutes les chansons de "His'n'Hers" de Pulp et beaucoup d'autres... La liste serait trop longue.

- Faites-vous souvent des concerts ? La scène est-elle importante pour vous ? Comment sont vos concerts ?

Nous avons juste fêté le premier anniversaire de notre premier concert le week-end dernier. Les dix-huit premiers mois, nous n'avions pas fait de concert. Et puis il y a eu le concert au Hamburg Pop Weekender. Nous avons joué en Allemagne et en Grande-Bretagne plusieurs fois, en Californie, quelques concerts au Danemark et de formidables concerts en Espagne. C'était fabuleux ! Alors oui, maintenant, faire de la scène est quelque chose d'important pour nous. La plupart du temps, nous jouons entre 45 minutes et une heure. L'ambiance est toujours pleine d'énergie. Les gens ont l'air d'aimer chanter et danser lorsque nous jouons, ce qui est vraiment très agréable.

- Qu'aimes-tu faire en dehors du groupe ?

Mon travail me permet de développer certains projets très intéressants, de sorte que c'est agréable. Mis à part ça, j'aime faire de la voile, manger, lire, regarder des films, boire du vin, dormir et aller au zoo de temps en temps.

- Quels sont tes vœux pour Northern Portrait ? Des projets ?

Nous voulons tout simplement sortir quelques disques honnêtes et convenables et faire quelques concerts fracassants. Le but est d'essentiellement de nous divertir nous-mêmes ainsi que les gens qui nous écoutent, que ce soit sur disque ou sur scène.

- Le mot de la fin...

Nous avons vraiment hâte de venir en France ! (Chose faite depuis et ce fut inoubliable! , NDLA)

The Sugargliders - Le groupe (avec un grand G)



Je n'irai pas par quatre chemins. Selon moi, The Sugargliders est LE meilleur groupe de tous les temps de l'univers. Qui mieux que les frères Josh et Joel Meadows et leurs camarades ont su allier la subtilité des mélodies pop à une inventivité toujours renouvelée ? Qui a écrit une aussi belle chanson qu'"Ahprahran" ou "Another faux pas in the cathedral of love", savants résumés de ce que devrait être toute bonne pop song ? Personne, à mon goût. Et je le partage. Avec The Sugargliders, déception et médiocrité étaient des mots qui n'existaient pas. En quatre années d'existence seulement, la formation australienne n'a pas fait de compromis à la donne de départ : sortir dix 45 tours, comprenant systématiquement trois morceaux, et s'arrêter. Et même si cette décision brutale faut alors insupportable pour les fans, la règle fut suivie à la lettre. Malgré la frustration qui en découla à l'époque, impossible rétrospectivement de ne pas admirer le caractère impeccable de la démarche. Une démarche qui partait d'un constat : trop d'albums sont décevants sur la longueur. Josh et Joel ont donc délibérément décidé d'en rester au format 45 tours incluant trois bonnes chansons sinon rien. Puis saborder le navire avant qu'il ne prenne l'eau. Difficile de se planter. Et ce n'est pas Matt Haynes, co-fondateur de Sarah, label qui eut la chance de sortir six 45 tours du groupe, qui viendrait me contredire. "Je pense qu'ils sont un groupe absolument prodigieux. Je crois que tout ce qu'ils ont fait est à chaque fois - je dis bien à chaque fois -, la meilleure chose faite par quiconque. Et je ne comprends pas du tout pourquoi la presse musicale continue à les ignorer. La presse, ceux qui écrivent des fanzines, les "indie kids" ne les mésestiment pas mais, malheureusement, ils ne semblent pas retenir l'attention de tous comme ils le devraient. C'est très décevant car nous pensons qu'ils sont merveilleux. Ils devraient être énormes", avait-il affirmé à leur sujet lors d'une interview réalisée à quelques semaines de la non moins tragique disparition du label Sarah, au terme d'un cycle clôturé par le Sarah 100.
Formé à Melbourne le 3 février 1989 par deux jeunes adolescents, le groupe a fait ses premières armes sur scène. Comme dans toutes les bonnes histoires indie-pop, une démo est enregistrée. Le label australein Summershine Records tombe immédiatement sous le charme. La quatrième référence de l'écurie qui sortira notamment des disques de Velvet Crush, East Village, Honeybunch, The Springfields, The Earthmen, Tender Engines, Blindside, et bien d'autres bijoux de la pop 90's, sera "Sway", un premier single où les deux frères donnent déjà toute la mesure de leur talent. Ré-écoutez la mélodie envoûtante du titre éponyme avec sa terrible montée sur le refrain. Orgasmique. Et le mot est faible. La suite ? Des EP's trois titres d'où, pour ne pas être exhaustif, on retiendra des tubes pop comme "Give me some confidence", "Police me", "Letter from a lifeboat" et son rythme hypnotique, "Unkind" le plus beau morceau le plus court de l'histoire de la pop, "Seventeen", l'agacé "Will we ever learn", les deux plus grandes chansons de tous les temps citées en préambule de ces lignes. J'ai beau me creuser, et je suis sincère, je ne vois rien qui cloche. Mélancoliques sans être mièvres, doux en évitant l'écueil du soporifique, précis en restant libres, parfois plus énervés sans être tapageurs, les Sugargliders savaient mieux que quiconque vous tirer les larmes ou vous donner l'envie de reprendre à l'unisson leurs chansons. Ils privilégiaient les mélodies simples et évidentes mais sans jamais, ô grand jamais, que l'on ait l'impression de les avoir entendues ailleurs, auparavant ou après. Quelques accords, réhaussés d'une petite guitare (les rois du solo sur une corde, vous dis-je !), des lignes de basse et de batterie langoureuses, des paroles tantôt romantiques, tantôt politisées (leur credo : "la résistance au rock institutionnalisé et au capitalisme qui étouffent la créativité"), et des voix, ces voix, uniques, qui vous donnent envie de raccrocher la guitare et la musique pour vous remettre au baby-foot.
Trente-et-une chansons distillées ça et là, par un album (la compilation réunissant douze de leurs titres parus sur Sarah n'en est pas un), les Sugargliders n'auront jamais trahi leur public. Pas une seule fausse note. Pas un morceau décevant. Pas un LP dénaturé par des chansons "remplissages". Ils auront été, à l'image de Sarah, honnêtes tout au long de leur courte carrière. Pas une ride, non plus, quant on les écoute plus de quinze ans après. Le groupe se séparera ainsi lors d'un concert adieu devenu mythique, dans leur ville de Melbourne (je peux en témoigner l'ayant vu, distance oblige, en vidéo). Imaginez. Les frères Meadows avec leurs guitares, seuls, sur scène, enchaînant une à une les perles des Sugargliders. Et rejoints, au fur et à mesure du set, par les différentes amis qui ont participé à l'aventure pour un final explosif. J'en ai encore des frissons et des trémolos dans la voix...
Après le split des Sugargliders, les frères Meadows ne seront toutefois pas complètement perdus pour la musique et la cause indie-pop. Depuis, ils ont formé un groupe tout aussi fabuleux : The Steinbecks. Mais ceci est une autre histoire...

The Sugargliders - Discographie
- "Sway", 45 tours, Summershine Records, 1990.
- "Furlough EP", 45 tours, Summershine Records, 1991.
- Butterfly soup", 45 tours, Summershine Records, 1991.
- "Letter from a lifeboat", 45 tours, Sarah Records, 1992.
- "Another faux pas in the cathedral of love", 45 tours, Marineville Records, 1992/
- "Seventeen", 45 tours, Sarah Records, 1992.
- "Ahprahran", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Trumpet play", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Will we ever learn", 45 tours/CD, Sarah Records, 1993.
- "Top 40 sculpture", 45 tours, Sarah Records, 1993.
- "We're all trying to get there", compilation, LP/CD, Sarah Records, 1994.
Sur des compilations
- "International pop EP", 45 tours, Mind the Gap/Season Records, 1992.
- "Just a taste - A Summershine Records compilation", CD, Slumberland Records, 1996.
- "Seven summers", CD, Kindercore Records, 1998.
A voir
- "Will we ever learn", compilation vidéo "Munch Part 1", Season Records, 1993.