A l'époque où est sorti ce 45 tours sur Sarah Records ("Noah's ark", 1990, Sarah 27), on a pu lire dans les colonnes des Inrockuptibles, alors encore un peu fanzine post-pubère et rebelle mais pas encore pleinement magazine bien pensant, mainstream et auto-proclamé du bon goût, que Brighter ressemblait à une bande, je cite, de "crevettes chétives"... Je passe sur les commentaires qui ornaient alors ce qu'ils osaient appeler une "critique musicale" mais qui n'évoquait nullement la musique. Il valait mieux jadis, comme aujourd'hui, vilipender l'attitude et l'accoutrement que les chansons... C'était l'époque pendant laquelle il faisait bon dénigrer la douce Sarah après l'avoir adulée quelques mois (semaines ?) auparavant... Aucune crédibilité, donc, à l'encontre de quelques scribouillards en mal de reconnaissance, n'ayant jamais approché une guitare hormis celles achetées à prix d'or afin de décorer leurs salons de - déjà - bobos parisiens. En 1990, l'indie pop vivait et se faisait loin des capitales : dans un tout petit appartement de Bristol, à Midsomer Norton, Margate ou Nottingham, dans les faubourgs de Hambourg, à Olympia dans l'état de Washington aux Etats-Unis, à Nagoya au Japon, à Bembibre dans la province du Castilla y León en Espagne, non loin de Melbourne, dans les cités ouvrières de Glasgow, à Clermont-Ferrand, Rennes, Montpellier, Auch, Bordeaux, Montauban, Strasbourg, Marseille, Lille, Brest, Remiremont, Toulouse, Lyon, Grenoble ou même Limoges... Aujourd'hui, comme hier, Brighter et ses héritiers sont des remparts à la culture institutionnalisée. C'est l'essence même de l'indie pop.
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